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Cravache et menottes

Cravache et menottes Poème de Rolland Jr St-Gelais Photo tirée de la collection de Appetitive-Soul Source : https://www.deviantart.com/appetitive-soul/art/R5-55-998901189

Cravache et menottes

 

Sois sage, ô, ma petite sotte !

J’ai apporté pour toi mes menottes.

Je m’en servirai au moment favorable.

À cette séance qui te paraîtra si inconcevable.

 

J’attendais tellement longtemps,

L’instant où je te surprendrai sur-le-champ.

Dis-moi ! Croyais-tu t’en sortir avec tes cachotteries ?

Je t’avise que je ne suis pas née de la dernière pluie ?

 

Attends de voir ce que je te réserve pour la soirée.

Tes fesses, avec mes mains fermes, je te les réchaufferai.

À l’aide de ma cravache, tu recevras une belle correction.

Que jamais plus, tu n’oseras recommencer avec raison !

 

Ne savais-tu pas que j’exècre lorsqu’on me ment ?

Je te dompterai comme l’on dresse une jument.

Tôt ou tard, à chaque claquement de doigts,

Tu finiras bien par obéir comme il se doit.

 

Tu porteras pour cette session cette ceinture.

Celle qui te fera éprouver la honte la plus obscure.

Allez ! Avance bien lentement, ô, ma pauvre monture.

 Ressens sur ton dos le poids de mon corps à la beauté pure.

 

Compte les sifflements de ma verge qui fend l’air.

Tu recevras un coup bien mérité aux chiffres impairs.

Penche ta tête sans cervelle en guise de soumission.

Te corriger de cette manie, telle est mon ultime mission.

 

Sache que je suis ta maîtresse attentionnée.

De mon amour, et de ma bonté, je t’ai comblée.

Du plaisir charnel, avec toi, j’ai partagé, ô, ma chérie.

Dans mon lit, je t’y ai amené avec passion chaque nuit.

 

Tu me suppliais le soir pour recevoir,

Ta récompense en savourant mon nectar.

Que je versasse en grands jets dans ta bouche !

Aussitôt le rituel accompli, nous allions dans la douche.

 

Laissons les jugements pour les pénitents.

Ceux qui face à la mort se font tant de tourments.

Tu es mon esclave dans la luxure, le moindre des vices.

Ton plaisir trouve son origine dans mes habiles supplices.

 

Obéis à mes ordres, car tu es sous mon toit.

Crois-moi sur parole, je n’ai pas fini avec toi.

Ce n’est plus le temps d’avoir des remords.

Tu dois remettre entre mes mains ton triste sort.

 

Sois convaincue que je t’aimerais pour toujours,

Avec toi, je parcourais le monde sans détours.

Je ne calculerai pas le nombre des années.

Jusqu’à mon heure venue où je partirai.

 

J’ai apporté cravache et menottes.

Car, je souhaite raviver ton âme morte.

Souviens-toi, ô, ma chère, tu es tout pour moi.

Mon existence, ici-bas, serait tellement terne sans toi.

 

De

 

Rolland Jr St-Gelais

Québec (Québec)

Canada

Je ne peux pas supporter le bruit des bombes

« Je ne peux pas supporter le bruit des bombes » Poème de Rolland Jr St-Gelais Dessin par Michel T. Desroches

Je ne peux pas supporter le bruit des bombes

 

La nuit est depuis peu tombée.

J’entends déjà les sirènes sonner.

Elles annoncent les avions qui approchent.

Leurs aviateurs obéissent aux ordres sans reproches.

 

Des vrombissements parcourent le ciel éclairé.

Par des projecteurs à la recherche d’anges damnés.

Des anges déchus aux ailes chargées de lourdes bombes.

Lesquelles amèneront leur lot de victimes dans leurs tombes.

 

Terrés en silence dans des abris de fortune,

Des inconnus et moi vivons une telle infortune.

Peut-on appeler vivre quand l’on attend sa mort?

En cet instant précis, peu d’entre nous connaît leur sort.

 

Des sifflements assourdissants passent au loin.

Qui annoncent, tel un messager, nos ultimes destins.

Certains verront le jour, d’autres resteront dans la nuit.

L’épée de Damoclès choisira en un éclair ceux qui resteront en vie.

 

Trois longues secondes s’écoulent bien lentement.

Dans le sablier que Chronos tient dans sa main fermement.

Les battements de mon cœur me prouvent que je suis encore en vie.

Mais, pour combien de temps devrais-je en ce lieu rester enfoui?

 

Les bombes éclatent faisant ainsi leurs sales besognes.

Ici, des morts ! Là, des estropiés ! Des sourds et parfois des borgnes.

Des centaines de cris percent l’horizon illuminé par les éclats mortels.

Des clameurs qui portent vers le ciel les êtres devenus désormais immortels.

 

Je croyais pouvoir tout voir, tout entendre en cette vie, en cette heure.

Car, j’ai travaillé dans des pays où sévissaient tellement de malheur.

Croyez-moi! Sur cette terre, rien de pire que de creuser des tombes.

C’est la réalité. Je ne peux pas supporter le bruit des bombes.

 

De

 

Rolland Jr St-Gelais

Québec (Québec)

Canada

 

La relève ne saurait tarder

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Dessin très inspirant réalisé par Eri Kel de la France

La relève ne saurait tarder

 

En cette nuit du 6 juin, 

Où tous ces hommes venus d’outre-mer, 

Sont venus libérer ma patrie, mon pays et ma mère. 

Ayant une seule pensée qui dans leurs cœurs et leurs âmes les rejoint.

 

Entendant au loin éclats d’obus et sifflements, 

Annonçant notre libération tôt ou tard assurément, 

Je sentis en moi grande fierté et immense espoir, 

De voir tomber ce rideau de haine et de désespoir.

 

Mais, j’ignore la raison. 

Je m’étais endormie sur le canapé, 

Entièrement nue sans être voilée ni drapée. 

Avais-je rêvé d’être courtisée par un charmant garçon ?

 

De ces garçons venus de l’Angleterre ? 

Qui firent la promesse de revenir vers mères et pères ? 

Ou de ces jeunes hommes venus du blanc pays appelé le Canada,  

Qui allèrent avec courage et bravoure refouler ennemis de ce pas.

 

Allez mes braves ! Venez vers moi qui vous attends. 

Me suis-je dite, croyant entendre une voix dans le firmament. 

C’est alors que je fus atteinte par une balle perdue ciblant mon corps nu. 

Sans retenu, sentant mes forces avec lenteur disparaître, je me  suis étendue.

 

Pas un mot n’ai-je prononcé ? 

À quoi bon ?! J’ai si souvent répété. 

Entendant cris divers, cela aurait été futilité. 

Je devins peu à peu semblable à une rivière desséchée.

 

Je levai alors les yeux vers le ciel pour implorer, 

Pour qu’avant de partir de ce monde on puisse m’exaucer, 

Accorder une dernière faveur pour ceux qui vont aussi tomber, 

Je ne demande qu’une chose : Que la relève ne saurait tarder.

 

De

 

Rolland St-Gelais 

Québec (Québec) 

Canada

 

En hommage aux civils tués lors du débarquement du 6 juin 1944 en Normandie