L’art avec un grand « A »
Bonjour tout le monde,
C’est avec un plaisir immense que je vous donne mon compte-rendu du spectacle auquel j’ai eu la chance incroyable d’assister ce dimanche 27 avril 2014 au Grand Théâtre de Québec. Il s’agit, au cas où vous l’ignoriez, d’une chorégraphie dont la mise-en-scène est l’œuvre d’Olivier Dubois dans laquelle plus de 18 danseurs, 9 hommes et 9 femmes, nous démontrent leurssavoir-faire en costumes d’Adam.
Cela faisait plus de deux mois que je m’étais approprié mon billet pour assister à ce spectacle. Deux mois, qui me semblèrent interminables, durant lesquelles je n’avais de cesse de me poser mille et une question, à surveiller la moindre publicité dans les quotidiens de Québec, à en discuter avec mes amis-es et, enfin, à me calmer en me répétant tel un mantra que je verrai bien ce qu’il en est une fois rendu sur place.
Ma réaction est tout à fait normale puisqu’une part, il s’agit d’une première en Amérique du nord où la troupe de ce chorégraphe offrait une prestation devant un grand public et, d’autre part, cela avait lieu à Québec. Il est à retenir que Québec est ma ville d’adoption depuis maintenant plus de 16 ans et dans laquelle j’y ai vécu des expériences souvent extraordinaires.
Bien entendu, vous avez deviné, outre le fait d’y avoir fait de nombreuses années d’études à l’université Laval où j’ai obtenu de nombreux diplômes dans divers champs d’études, j’y ai connu plusieurs liaisons amicales plus qu’extraordinaires. Bien entendu, de nombreux accomplissements eurent aussi lieu enrichissant ainsi ma vie. Oui, je le reconnais, la vie a été bonne pour moi et elle le sera tout autant dans l’avenir. J’en suis convaincu.
Bon! Je reviens au sujet de mon article.
L’une des questions posées au cours de mon purgatoire temporel est la suivante: Pourquoi vouloir absolument assister à un tel spectacle
étant donné que je suis moi-même modèle nu? À cela, je vous réponds qu’effectivement je voulais partager le vécu des danseurs et des danseuses qui ont offert une performance hors de l’ordinaire. Cependant, je ne voulais en aucun cas briser leur intimité avec le public. Voilà pourquoi j’ai respecté leur demande de ne pas les photographier durant leur prestation, et ce, même si mon siège était situé à quelques mètres de l’estrade. Le respect est le mot d’ordre dans le domaine de la nudité artistique.
Une autre question concerne la raison d’être de cette représentation: Pourquoi vouloir faire cela à Québec? Je crois, et cela demeure mon humble opinion, que le fait que la ville de Québec soit le berceau de la francophonie en Amérique du nord y est pour beaucoup dans un tel choix. Reconnaissons-le! La langue de Molière, et toute la culture qui y est subjacente, est menacée par l’hégémonie de celle de Shakespeare. Les liens culturels doivent par conséquent être resserrés entre la France et les pays membres de la francophonie tant en Europe qu’en Afrique et en terre d’Amérique.
Une dernière question, il faut bien faire un choix parmi toutes celles qui m’ont hanté l’esprit,
concerne l’image de la nudité véhiculée dans notre société dite « évoluée ». Sommes-nous, oui ou non, capables de faire la part des choses entre d’un côté, la nudité saine et équilibrée, et d’un autre côté, éviter toutes formes de débordement? La prestation à laquelle j’allais assister allait me donner une réponse plus que positive à ma question philosophique. Ce qui allait, bien entendu, faire mon plus grand bonheur.
Bref, c’est par une soirée d’un printemps plutôt frisquet que je suis allé au Grand Théâtre de Québec afin de me faire une idée précise et sans pression aucune de cette pièce où 18 personnes allèrent réaliser sous mes yeux un véritable chef-d’œuvre. Ce dernier terme est approprié pour décrire à la fois la chorégraphie en tant que tel mais également le travail méticuleux de chacun(e) des participants(es).
En effet, rien est laissé au hasard puisque chaque rôle est défini avec un soin presque
monastique. Par exemple, selon ce que rapporte l’hebdomadaire Voir de Québec, Olivier Dubois « a choisi une approche structurelle, s’inspirant de la tragédie grecque et de la structure implacable de ses chœurs: d’abord l’entrée, puis les épisodes, et enfin la catharsis et l’exode. L’alexandrin français lui a aussi inspiré des marches de 12 pas. Pour les 18 danseurs, cette structure progresse vers un mouvement de plus en plus intense et fait de ce spectacle un vrai tour de force, une chorégraphie d’une rigueur terrible.» 1
Les spectateurs, à voir la réaction de la foule lors de la salutation finale de la troupe, ont semblés être émerveillés par une telle prestation. Pour ma part, la chance que j’ai eu d’être assis tout prêt de l’estrade ma permis d’apprécier le travail physique de chaque artiste. Et, quand je dis « le travail physique », je fais référence bien entendu à la rectitude de chaque mouvement fait par celui-ci; ses pas, son regard, les gestes tant ceux des membres supérieurs que des membres inférieurs, le contrôle absolu de son corps sans pour autant y délaisser à la fois l’harmonie gestuelle et une symbiose avec l’esprit rendent sa présence sur scène digne d’un acteur de la Grèce antique.
Recommanderais-je à mes amis-es d’assister à cette pièce unique en son genre? Je vous réponds par l’affirmatif. Toutefois, un avertissement serait de rigueur afin de les préparer à la présence d’artistes nus sur scène. Oui, je le reconnais sans gêne aucune, la beauté des corps rend ledit spectacle agréable. Mais, il faut avoir la capacité d’aller plus loin que le premier regard et la meilleure façon d’y arriver c’est de se poser cette ultime question: Serais-je apte à accomplir une telle chorégraphie entièrement nu devant un public? En ce qui concerne, je m’imaginais de me voir sur scène offrant ma propre performance aussi minime aurait-elle pu être. Par ma seule présence, il est bien de noter qu’une des artistes était obèse, cela aurait pu démontrer que la diversité de la vie réside aussi en la diversité des corps.
Je termine cet article en vous racontant deux anecdotes assez cocasses. En premier lieu, je ne cessais de penser à l’une de mes amies à chaque fois qu’une des danseuses se présentait sur scène puisque cette dernière avait un tatouage sur la même jambe que mon amie. J’ai envers celle-ci un profond respect et une grande admiration. En second lieu, croyez-le ou non, deux des danseuses artistiques m’ont fait un beau sourire lorsque j’ai applaudit à la fin du spectacle. Je n’oublierai jamais leurs regards qu’elles me firent tellement ils témoignèrent de leur plaisir à avoir fait une si belle prestation. Je leur ai crié sans arrêt et à pleins poumons; «Bravo! Et encore bravo!».
Oui, c’est par ces derniers mots que je peux conclure mon compte-rendu personnel sur cette prestation extraordinaire. «Bravo! Et encore bravo!»
Merci de m’avoir lu!
Rolland St-Gelais
Québec (Québec)
Canada
1. http://voir.ca/scene/2014/04/17/olivier-dubois-tragedie-cachez-ce-sein-que-je-ne-saurais-voir/