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C’est le temps
C’est le temps
Bonjour tout le monde,
Comment allez-vous ? Que se passe-t-il de bon dans vos vies et quels sont vos projets pour les semaines à venir ? De mon côté, ça va beaucoup mieux qu’à la fin du mois d’avril. Comme vous le savez déjà, quelques problèmes de santé ont été de la partie depuis plusieurs jours. Ce qui avait mis en péril ma participation en tant que modèle nu avec la très sympathique Gabrielle Doutre, la photographe pour qui j’ai posé en costume d’Adam. Dieu merci ! Il y a eu dans le fond plus de peur que de mal. L’essentiel est que tout soit rentré dans l’ordre, surtout en ce qui concerne notre plus grande richesse, c’est-à-dire la santé. N’est-ce pas?!
Bref, ce fut pour moi le temps de relever un nouveau défi dans le domaine de la nudité artistique. Un domaine qui, vous vous en doutez bien, me passionne beaucoup. Ici, ce qui m’a vraiment plu c’est le caractère très intimiste de ladite séance. Une séance qui a eut lieu dans une simple maison avec deux appareils-photos, un fond d’écran et un rideau blanc d’où la luminosité nous arrivait de l’extérieur sans oublier mon ouverture d’esprit qui a été très appréciée de la part de la photographe. Ce fut là nos seuls instruments de travail. Comme on dit chez-nous: « c’est souvent dans la simplicité que se fait le meilleur travail. » Quoiqu’il en soit, Nous avons donné chacun notre part pour rendre cette séance vraiment intéressante. Et, entre vous et moi, l’ensemble des résultats témoigne du sérieux que nous avons mis lors de notre rencontre.
Fait intéressant à retenir, j’ai demandé à l’une de mes connaissances, qui est elle-même photographe professionnelle depuis plusieurs années, ce qu’elle pensait de quelques-unes des photos réalisées en cette occasion. Je vous retranscris exactement ses propos dans la langue de Shakespeare puisqu’elle est américaine:
« Rolland, I think this is more than enough for me to assess. First, the image quality is excellent. Sharpness, focus and creative positioning is wonderful. Obviously, you and the photographer were not afraid to take risks and that adds to the WOW factor. Images are unique and your story is being told from a fresh perspective! »(1) Jayden Miller
Il va sans dire qu’avoir l’opinion d’une autre photographe professionnelle me réconforte dans mon optique de travail. En effet, en fais-je trop ? En fais-je pas assez ? Est-ce utile ? Pourquoi donc ? Et pourquoi pas ? En résumé, ce sont-là des interrogations qui me viennent souvent à l’esprit depuis quelques temps déjà. Oui, cette passion anime mon cœur. Ce qui ne m’empêche guère de m’interroger pour mes choix futurs.
Toutefois, les dernières semaines m’ont porté à la réflexion non seulement sur mon cheminement en tant que modèle nu, mais aussi sur ce que je ressens au plus profond de mon être véritable. Vous savez bien que j’adore ce que je fais surtout que cela m’a permis de rencontrer des gens extraordinaires et avec un cœur en or. Mais quels sont les chemins qui me restent à parcourir avant de quitter ce monde ? Et, plus particulièrement, quels chemins devrais-je choisir ? Oui, je le sais bien que le temps passe à la vitesse de la lumière. Voilà pourquoi je suis persuadé que bien des questions devront être résolues d’ici le 24 mai prochain, c’est-à-dire la date de mon anniversaire de naissance. Des questions que moi, et moi seul, devrai répondre. Puisse les saints et les saintes du Ciel m’éclairer. Il est encore … le temps.
Merci de m’avoir lu!
RollandJr St-Gelais
Québec (Québec)
Canada
(1)Traduction en français: « Rolland, je pense que c’est plus que suffisant pour moi d’évaluer. Tout d’abord, la qualité de l’image est excellente. La netteté, l’orientation et le positionnement créatif sont merveilleux. De toute évidence, vous et le photographe n’avaient pas peur de prendre des risques et cela ajoute au facteur WOW. Les images sont uniques et votre histoire est racontée sous une nouvelle perspective! » Jayden Miller
Que puis-je dire de mes expériences de modèle nu?
Que puis-je dire de mes expériences de modèle nu ?
Bonjour tout le monde,
J’entre dans le vif du sujet. Cela fait plusieurs années que je suis modèle nu pour des écoles d’arts et des ateliers pour artistes amateurs et professionnels et, pourtant, il y a un sujet sur lequel je n’ai pas encore élaboré. Il s’agit dans son ensemble de répondre à cette question existentialiste : que puis-je dire de mes expériences de modèle nu ? Autrement dit, le fait de poser nu pour de tels endroits m’apporte-t-il quelque chose de bien précis qui enrichie d’une manière ou d’une autre mon existence ? Pour répondre à cette question, je me réfère à une discussion téléphonique que j’ai eu dimanche avec mon père. Veuillez noter que ce dernier reste très loin de la ville de Québec où je vis puis maintenant plus de vingt ans.
Oui, il m’arrive quelques fois de lui parler de mes cours séjours faits à Montréal dans le cadre de mes activités en tant que modèle nu. Il va de soi qu’il n’est pas nécessaire d’entrer dans les moindres détails, mais en glisser quelques mots semble l’intéresser tout en le rassurant que j’apprécie ce que je fais. Et, comme il le dit lui-même, faire un tour de temps à autres à Montréal change le mal de place. Or, nous avons discuté d’un événement qui a eu lieu au cours de mon enfance lequel m’avait passablement perturbé et je m’étais promis qu’un jour la vie me donnerait l’occasion de prendre une digne vengeance.
Bref, mon père et moi avions discuté lorsque ma défunte mère et moi étions allés à mon inscription d’école au début du mois de septembre en 1971. Le directeur d’école nous avait fait entrer dans son établissement scolaire par une entrée inaccessible pour les autres élèves, comme si j’étais un monstre dont il fallait les soustraire de leurs regards, afin de nous annoncer une nouvelle. Une nouvelle qui allait prendre la forme d’un coup de lance dans le cœur de ma mère. En effet, il l’informa qu’il ne pouvait pas m’accepter du fait que ma situation physique allait perturber certains élèves issus de classes aisées. Jamais de ma vie, l’humiliation se fit sentir dans les moindres parcelles de ma tendre mère. Vous pouvez me croire sur parole !
Inutile de vous raconter le chemin du retour. Toutefois, la vie a fait en sorte que j’ai pu accomplir tout le contraire de ce que l’on avait prédit. Non seulement, j’ai complété un parcours académique fort remarquable mais, de surcroît, mon travail en tant que modèle nu pour les écoles d’arts et les ateliers pour artistes professionnels et amateurs a fait mentir le directeur de cet école. Non seulement, mon corps est loin d’être un phénomène que l’on devrait éliminer des yeux du public, mais il peut être considéré comme ayant un potentiel inouï pour la réalisation d’œuvres d’arts.
Bref, nonobstant le fait que mes expériences de modèle nu a favorisé la rencontre de gens formidables, de voyager un peu partout en province et de permettre de prendre en photos plusieurs des œuvres, lesquelles ont été utiles pour la rédaction de quelques-uns de mes articles, faites par des artistes ou bien des étudiants en arts et de parfaire mon savoir-faire dans ce domaine, il y a un élément en particulier qui en ressort. C’est que j’ai réussi à faire mentir ce directeur d’école. Quelle belle riposte de ma part !
Merci de m’avoir lu !
RollandJr St-Gelais
Québec (Québec)
Canada
Wow! Quel magnifique souvenir!
Wow! Quel magnifique souvenir
«Ça me permet de me considérer en tant qu’homme, voir que je ne suis pas un monstre dégradant et que je suis beau, exprime avec émotion Rolland St-Gelais. Ça m’aide à affronter la vie de manière noble.»
Bonjour tout le monde,
J’espère que vous allez bien. Pour ma part, je suis littéralement aux anges. En effet, je viens de découvrir sur le web un article concernant le monde des modèles vivants. Un article qui a été réalisé en 2013 et dont votre humble serviteur a été parmi les personnes interviewées par le journaliste. C’est dont avec un plaisir immense que je vous transmet ci-joint la copie conforme dudit article avec, afin de respecter le droit d’auteur, un lien vous menant directement sur le site web d’où il est tiré. Je vous souhaite une agréable lecture.
Figures dénudées pour quelques instants, les modèles vivants se donnent à une profession tout sauf conventionnelle. Laissant préjugés et pudeur au garde-robe, ces artistes se dédient corps et âme à la création artistique.
Des heures immobiles en costume d’Adam, une anatomie analysée minutieusement par des dizaines de regards, une endurance mentale et physique particulière. Le métier de modèle vivant n’est pas destiné à n’importe quel quidam. Les conditions de travail difficiles et les jugements préconçus n’altèrent pourtant en rien la détermination de ces artistes.
Judith, étudiante de 22 ans à l’Université Concordia, garde un souvenir douloureux de sa première expérience comme modèle. «J’ai souffert l’enfer, je ne m’attendais pas à un aussi gros challenge physique et mental», se rappelle-t-elle. En quête d’un travail pour payer ses études, la jeune femme est tombée par hasard sur une petite annonce Kijiji. Elle pose depuis pour plusieurs artistes. Ses séances, habituellement au nombre de deux par semaine, se partagent entre dessinateurs, sculpteurs et photographes. Trois ans se sont écoulés depuis la première pose de Judith. Elle s’est adaptée progressivement aux contraintes physiques de l’emploi. «Il a fallu que je développe ma patience, ma relaxation et surtout ma résistance à la douleur», énumère l’étudiante.
Parents et amis de Judith ne savent pas qu’elle pose nue pour des artistes. «J’ai peur que mes proches me prennent pour une prostituée», s’inquiète l’étudiante. Guy Boissé, modèle depuis plus de trente ans, dit lui aussi être victime de multiples jugements de valeur lorsqu’il révèle son occupation «C’est mal vu dans la société, plusieurs croient qu’on offre des services sexuels. J’aime dire qu’on offre des services corporels», nuance-t-il. En trois décennies de métier, le poseur affirme n’avoir vécu aucune séance où il s’est senti mal à l’aise devant un potentiel sous-entendu sexuel.
La sécurité d’emploi est un concept étranger pour les modèles vivants, mais certains d’entre eux réussissent à créer des liens avec les artistes et les institutions. À l’Atelier de sculpture du Village, école reconnue dans le domaine à Montréal, une dizaine de poseurs sont appelés à chaque semaine. «Il est essentiel de bâtir une relation de confiance avec celui qui pose afin de créer une collaboration fructueuse et à long terme», explique Joël A. Prévost, fondateur de l’organisme. Un processus similaire se déroule à l’UQAM. L’enseignant du cours de modèle vivant, Thomas Corriveau, reçoit un nombre colossal de curriculum vitae et les conserve tous dans un cahier, triant sur le volet les applications. «Je travaille avec une demi-douzaine de ces personnes depuis plus de dix ans», affirme le professeur.
Bien que certains réussissent à se trouver des partenariats à long terme, la profession n’offre pas des conditions permettant d’en faire une occupation à temps plein. À l’Atelier de sculpture du Village, même les «réguliers» ne font jamais plus de dix heures hebdomadairement. Posant de trois à quatre fois par semaine, Guy Boissé se considère comme un des modèles les plus actifs à Montréal. «On est bien payé pour ce qu’on fait, mais il n’y a pas assez de demande pour que quelqu’un puisse gagner sa vie seulement avec ça», explique-t-il. L’homme de 54 ans est photographe pigiste et cultive des légumes avec son frère maraîcher pendant l’été pour joindre les deux bouts.
À corps vaillant, rien d’impossible
Un maximum de diversité est nécessaire pour les artistes lorsqu’il est temps de travailler avec des modèles vivants. Dans le cours offert à l’UQAM, les profils des participants varient continuellement. L’enseignant essaie également d’alterner entre modèles féminins et masculins pour permettre à ses élèves de bien saisir les différences de leurs anatomies.
Pour les personnes handicapées désirant poser pour des artistes, la réalité est parfois moins rose. Victime des effets de la thalidomide, médicament prescrit à des femmes enceintes en 1962, Rolland St-Gelais est privé de sa langue, de son menton, de ses deux mains, de l’avant-jambe gauche et d’une bonne partie de son pied droit. «J’ai appliqué dans plusieurs écoles et on m’a refusé partout donnant explicitement comme raison mon handicap. J’ai eu la chance d’avoir une amie qui m’a présenté à un artiste et de fil en aiguille, j’ai pu me faire une place», raconte l’homme de 52 ans. Poser en tant que modèle est un rêve qui a demandé beaucoup d’efforts pour Rolland St-Gelais. Il déplore que la première impression ait encore beaucoup de place dans le milieu artistique. «Les handicapés sont tout aussi pertinents à dessiner, ils présentent des défis très intéressants pour les étudiants », répond Thomas Corriveau. Il affirme cependant n’avoir reçu aucune candidature d’handicapés dans les dernières années.
Pour les modèles vivants, ce travail peut devenir une véritable façon de se définir et de s’épanouir. «Ça me permet de me considérer en tant qu’homme, voir que je ne suis pas un monstre dégradant et que je suis beau, exprime avec émotion Rolland St-Gelais. Ça m’aide à affronter la vie de manière noble.»
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Un outil irremplaçable
Le modèle vivant offre des caractéristiques que le mannequin de cire ne pourra jamais reproduire, ce qui le rend si primordial dans le monde artistique. À l’UQAM, les étudiants au baccalauréat en arts visuels et médiatiques ont un cours de dessin entièrement dédié aux modèles vivants. «Les modèles sont animés, ils ne sont pas qu’un objet. Ils ont un rôle, une position et une expression qui amènent une création plus dynamique au dessin», affirme l’enseignant en arts de l’UQAM, Thomas Corriveau. Avec ces modèles, le professeur apprend à ses étudiants à se familiariser artistiquement avec l’anatomie et le squelette humain, tout en apprenant les règles des ombres.
Source: http://montrealcampus.ca/2013/11/donner-son-corps-a-lart/