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Les deux comparses

Les deux comparses Poème de Rolland Jr St-Gelais Photo choisie par Appetitive-Soul Source : https://www.deviantart.com/appetitive-soul/art/1900-109-930333494

Les deux comparses 

 

J’ai, parmi mes nombreux souvenirs, d’un temps lointain.

Une époque où je jouissais d’une réputation d’être vilain. 

Je n’étais pas bien méchant, mais pas un ange, non plus. 

Sorti tout droit de l’adolescence, je croyais avoir tout vu. 

 

Jeune homme ! Je quittais à peine le collège. 

Diplôme en mains, maintenant que ferais-je ? 

Je ne voulais guère occuper un quelconque boulot. 

Subvenir par un maigre salaire équivaut à être penaud. 

 

Or, un jour, j’ai lu cette annonce dans le quotidien du quartier. 

« Homme recherché, de belle apparence n’ayant pas peur de travailler. » 

Griffonnant à la hâte sur un morceau de papier le numéro de téléphone.

Un grand coup de chance incroyable, cette idée, en ma tête résonne. 

 

En quelques secondes, arrivé chez moi, j’ai appelé.  

Une douce voix me répondit à l’autre bout du combiné. 

Elle me donna l’adresse où aller, située près de ma demeure. 

Et, le plus important, à ce rendez-vous, lui fixer une heure. 

 

Peu après avoir pris un bon repas au dîner.

Pour mes amis d’Amérique du Nord, c’est le souper, 

Je suis parti avec une grande joie à mon entrevue d’embauche. 

Sans me douter qu’il s’agissait d’une maison de débauche. 

 

Un établissement, haut de gamme, situé à proximité d’une modeste chapelle. 

Quoi de mieux pour aller se confesser après avoir connu de femmes si belles ? 

Car, des sept péchés capitaux, le plus pardonnable est celui de la luxure. 

En effet, le plaisir de la chair ne fait point de mal à l’être au cœur pur. 

 

Dès que je frappai quatre coups à la porte, un clapet s’entrouvrit. 

Une voix sucrée se fit entendre : « Mot de passe, je vous prie ! » 

« La France parle aux Français », j’ai immédiatement répondu. 

En pensant à mes quelques cours d’histoire maintenant révolus. 

 

Deux jolies demoiselles m’ont ouvert la porte de cet endroit mystérieux. 

Elles m’ont reçu de leurs sourires radieux tout en conservant leur sérieux.

Après tout, pour la première fois, je postulais ma candidature pour un emploi.

 Qui, je le souhaitais ardemment, allait réellement faire un homme de moi.

 

Outre le fait qu’elles ont agi avec une remarquable délicatesse.

Elles portèrent chacune une nuisette qui leur allait jusqu’aux fesses. 

Elles m’ont alors expliqué quel serait mon travail en évitant les détails.

Grosso modo, percevoir les sous des clients et veiller à l’ensemble des victuailles.

 

Mettre à la porte, si nécessaire, les récalcitrants,

En s’abstenant d’user d’une force inutile, bien évidemment.

Voir à ce que tout soit aux bons endroits et que tout soit en ordre.

Afin d’éviter l’apparition d’un Capharnaüm et d’un vulgaire désordre.

 

Elles me racontèrent tant de choses, tant d’histoires, au sujet. 

De cet endroit où viennent des hommes tantôt beaux, parfois laids.

Que d’anecdotes coquines et de secrets diplomatiques elles me dirent !

Ces deux comparses, tels des larrons en foire, m’ont bien fait rire.

 

Elles ont surpris tant de mecs en tout genre et de tous les styles.

Des bûcherons aux allures viriles voulant impressionner les filles.

Jusqu’aux efféminés qui désirèrent démontrer leur féminité.

Car, il faut l’admettre, il y a pour tous les goûts dans la société.

 

C’est avec honneur que j’ai accepté ce premier emploi.

Car, comme mon père disait, de son vivant, un homme de Loi.

Rappelle-toi mon fils de ceci : « Il n’y a point de sots métiers.

Il y a que de sottes gens. » Il a mainte et mainte fois répété.

 

De 

 

Rolland Jr Gelais 

Québec (Québec)

Canada

Tout était sombre

Tout était sombre Poème de Rolland Jr St-Gelais Photo par AayKing Source : https://www.deviantart.com/aayking/art/Bedroom-nude-930619201

Tout était sombre

 

J’ai enfin terminé mes travaux,

Où rien, à mes yeux fatigués, ne vaut !

Documents à signer, clientèle à rassurer.

Voilà ce dont mes études m’ont condamné.

 

Mes parents étaient fiers de leur garçon.

Il allait suivre les pas du père, le fiston.

Être un agent de bureau est un emploi.

Sécurisant pour la paie et pour un toit.

 

C’est, au fil du temps, tellement ennuyeux.

Que tout devient fastidieux devant mes yeux !

Le plaisir se transforme en une interminable corvée,

Et la joie du travail bien accompli en une écrasante morosité.

 

Je suis finalement de retour.

Sans faire de bruit, j’ai fait un détour.

Dans ta chambre tamisée afin de voir la splendeur,

De ta grâce en entendant le carillon sonner l’heure.

 

C’est en constatant la fraîcheur réconfortante de ton éclat,

Que j’ai enfin compris que ma raison d’être se trouvait en toi !

La pureté de cette lueur te recouvrait avec une belle légèreté.

Tandis que tu étais entourée d’une étonnante tranquillité.

 

Je n’ai pas pu m’empêcher de sourire,

Tout en me rappelant comme il est bon de vivre.

Qu’il suffit parfois de peu de chose pour illuminer notre existence !

Qu’il est souvent futile de se faire tant de remontrances !

 

Aurais-je mieux fait ou pire au sein de ma destinée ?

Voilà une question à laquelle toute réponse n’est que vanité.

Car aucun mortel en ce monde ne peut connaître le fil des événements.

Qui l’amènera indubitablement vers le nihilisme ou vers le couronnement.

 

Une chose est maintenant incontestable.

Tu es dans mon cœur un trésor d’une valeur inestimable.

Tu es le soleil qui a dissipé de mes doutes leur écrasante ombre,

Tu as dirigé en mon être une lumière bienfaitrice là où tout était sombre.

 

De

 

Rolland Jr St-Gelais

Québec (Québec)

Canada