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Je te réserverai la dernière danse

Je te réserverai la dernière danse Poème de Rolland Jr St-Gelais Photo par G.B. D’Allemagne Modèle : Mangorose Source : https://www.deviantart.com/gb62da/art/Save-the-last-dance-for-me-960842086

Je te réserverai la dernière danse

 

C’est la dernière journée,

Avec toi, mon amour, je passerai.

Je t’ai amené dans le château de mes ancêtres,

Entouré d’une forêt peuplée par de vieux hêtres.

 

Tu me semblais si fragile sur le banc.

Je t’avais trouvée en cet hiver froid et blanc.

Je t’ai recouvert avec délicatesse de ma cape noire.

Alors que je rôdais en ces lieux abandonnés en ce soir.

 

La pureté de ta beauté m’avait tant fascinée.

Je n’ai jamais vu une telle merveille depuis que j’ai quitté,

Cette vie dès l’instant où avec Lucifer, j’ai prêté le serment.

Au risque de perdre mon âme et de le servir éternellement.

 

C’était là le prix à payer pour éviter face à la mort une damnation,

À la suite d’une grave injustice et d’une si terrible inculpation.

J’aurais tant voulu clamer mon innocence devant mes accusateurs.

Mais, devant tant de cruauté, à prendre plaisir à voir verser des pleurs.

 

Je n’ai pas eu d’autres choix que de fuir telle une proie à travers ces bois.

J’en appelais la rage au cœur et de toutes mes forces des enfers, son roi.

Ô, Satan ! Je t’en conjure. Éloigne de moi la corde de la potence.

Que je puisse à la vindicte populaire démontrer mon innocence.

 

Par une nuit sans lune, en cette demeure, il m’est apparu.

À travers ses flammes ardentes, il m’a avoué qu’il avait tout vu.

Je suis la victime d’un concurrent déloyal qui voulait enlever.

Celle avec qui j’étais fiancé depuis bien des années.

 

Par jalousie, il avait tué l’ultime amour, celui de ma vie.

Il me proposait sur le champ un contrat à signer avec lui.

Quelques gouttes de mon sang sur un étrange parchemin.

Elles scelleront pour toujours mon avenir, mon chemin.

 

Le château de mes aïeuls allait évoluer en mon asile.

Isolé de toute civilisation, j’y vivrai telle sur une distante île.

La lune et les étoiles deviendront mes accompagnatrices.

Je devrais m’éloigner du soleil et c’est ce qui m’attriste.

 

As-tu souffert, une seule fois, de quoi durant ton séjour ?

Le respect et l’attention, je t’ai manifesté chaque jour.

Dans chacune des chambres, tu as dormi sous ma protection.

Si tu savais comment le charme de ta féminité a été si bon.

 

Tu m’as transmis de cette chaleur qui me manquait.

Va proclamer aux gens mon innocence, s’il te plaît.

Mais avant, je désire t’offrir un banquet en ton honneur.

Je te réserverai la dernière danse, car tu as atteint mon cœur.

 

De

 

Rolland Jr St-Gelais

Québec (Québec)

Canada

 

En ne sachant que faire

DeviantArt du photographe RickB. : https://rickb500.deviantart.com/ Pour acheter un exemplaire du portfolio, écrire à cette adresse email : rickB@arcor.de

En ne sachant que faire

 

Perdu dans la brume de mes pensées.

Dans l’aurore dorée, j’ignorais où mes pas, diriger.

Que de questions marquèrent de leurs empreintes mes idées.

Idées confuses qui sont apparues en ce jour où j’ai été damné.

 

Étais-je une si mauvaise personne?

Voilà au fond de mon être ce qui sans cesse résonne.

Dans ma tête, une telle question est telle une cloche qui sonne.

Qui pourra me dire la vérité afin que je me pardonne?

 

Comme dit si bien l’adage, une vérité avouée est à moitié pardonnée.

Ce que mon cœur languit de ne pas pouvoir revenir dans le passé.

Et, de mes erreurs, pouvoir un tant soit peu, les effacer.

Est-ce là, à la vie ou à Dieu, trop demander?

 

Je suis qu’un être de chair.

Une âme qui jadis voguait sur les airs.

Un être immatériel qui devait apprendre afin de se parfaire.

S’incarner dans un corps malgré le risque de l’amour et de la guerre.

 

C’est ainsi que je naquis dans un village.

Peuplé de gens aux coutumes et à la langue slaves.

Nous vivions modestement sans pour autant être des esclaves.

Dans un village entouré de montagnes enneigées lui servant d’enclave.

 

Ma bien-aimée et moi sommes nés dans des familles où la paix régnait.

Avec des gens modestes qui, malgré les soubresauts de la vie, s’aimaient.

Nous nous sommes connus à l’école du village où l’institutrice enseignait.

La grammaire, les tables de multiplication et autres choses, elle nous expliquait.

 

 Nous avons grandi dans ce village paisible béni des cieux.

Combien de jours sont passés en ce temps où nous y étions si heureux?

Un bonheur qui culmina à l’instant où je me sentis tel un bienheureux.

Ce moment où elle réalisa, par sa réponse, mon souhait le plus précieux.

 

Le jour de nos noces était si extraordinaire !

Elle était si belle au pied de l’autel à côté de son père.

Devant le prêtre, nous avons juré fidélité et amour sous une belle lumière.

Une aura multicolore qui provenait des vitraux qu’avait réalisés mon grand-père.

 

Un banquet avait été offert par les membres de notre parenté.

Ce fut de leur part, un geste rempli d’amour, un geste de pure bonté.

Mon vieux père m’avait donné sa boutique afin que je puisse travailler.

Et que ma famille soit, par mon travail, en tout temps, comblée.

 

Quelle nuit de noces avons-nous eue!

Dans le lit conjugal, nous étions entièrement nus.

Elle était belle comme le premier jour que je l’avais vue.

En mon cœur, je bénissais le ciel de ce présent que j’ai reçu.

 

Tout passe tellement vite dans le livre de la vie.

Voilà pourquoi, il faut faire attention à nos rêves, à nos envies.

Le coq avait chanté trois fois avant la trahison de Saint-Pierre à ce que l’on dit.

Pour avoir mis fin à mon bonheur, une seule fois avait amplement suffi.

 

Une balle perdue traversa la faitière.

Amenant tout mon être dans les flammes de l’enfer.

Sans crier gare ! Mon pays se trouvait désormais en guerre.

J’ai alors pris le corps de mon épouse dans mes bras en ne sachant que faire.

 

De

 

Rolland Jr St-Gelais

Québec (Québec)

Canada

Ma main sur ma poitrine

La main sur ma poitrine

 » La main sur ma poitrine  » Dessin par Eri Kel de la France

Ma main sur ma poitrine

 

Il y a dans cette pièce un drôle de silence,

Comme l’on peut vivre dans une église où l’on encense,

Le corps sacré, mais dont l’âme aurait fui, un fidèle défunt.

Celui d’un inconnu ou d’un illustre personnage ayant eu une vie hors du commun ?

 

Je me sens entourée par des êtres semblables à des cierges,

Qui désirent protéger de ce monde immonde une pure vierge,

Et de leurs grands yeux brillants tels des flammes éternelles,

Réchauffer avec prudence le corps dénudé d’une femme jeune et belle.

 

Parcourant les courbes tels les mystères d’un rosaire,

En récitant de leurs crayons sur le papier leurs humbles prières,

Et je dois m’en confesser, comme cela est loin de me déplaire.

Par mon expérience de maîtresse dévouée, je sais comment plaire.

 

Mais comme je suis en ces lieux que pour rendre service,

Rendre service à mon vieil ami que j’aime bien malgré ses vices,

Je vais garder une pose prude avec en moi-même une certaine amertume,

Une nostalgie du temps passé où mes exploits de coquine dissipèrent bien des brumes.

 

Aventurière de ces braves corsaires,

De ces flibustiers qui sur les océans bleutés naviguèrent,

Parcourant les eaux sur lesquels riches navires s’y trouvèrent,

Sans relâche, ni répit, sur les mers ils les poursuivirent et les détroussèrent.

 

Après avoir rempli leurs bourses de pierres précieuses,

Ils revinrent vers leur maîtresse bien-aimée aux lèvres si délicieuses.

Savourant chaque instant passé en sa compagnie grâce à ses mains d’experte,

Sans oublier tout son savoir-faire dans la luxure au risque d’aller à sa perte.

 

Mais assez rêvasser de cette époque imaginaire,

De cette période fabuleuse où peut-être je vivais naguère,

Et comme je suis présentée à ce banquet comme de la fine cuisine,

Je me laisse apprécier par les convives en déposant ma main sur ma poitrine.

 

De

 

RollandJr St-Gelais

Québec (Québec)

Canada