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Non à la violence faite aux femmes!

Bonjour tout le monde,

Aujourd’hui, je vous parle d’un sujet qui me tient tout particulièrement à cœur, et ce, tant par les émotions que cela suscite en moi que par la véracité des faits historiques. En effet, de tous les temps, les hommes ont été avides de pouvoir afin de satisfaire leurs satisfactions personnelles. Il va de soit que ce sont les plus vulnérables de la société qui ont écopé de leur soif de domination, de richesse et de puissance. Une telle soif a presque toujours trouvé un appui plus que considérable auprès d’une classe religieuse qui, à l’aide de formules et de raisonnements théologiques, rendit légitime l’ensemble des règles et des lois prônant la suprématie de certains hommes, souvent les plus fortunés, au détriment d’autres personnes renvoyées au statut de citoyens de second ordre. Ledit ordre forme ce que les historiens nomment à juste titre comme la plèbe.

Mais, de quoi est composée cette plèbe et quelles en sont caractéristiques qui la différencient de la classe dominante phallocrate et partriarcale? Cette plèbe est somme toute constituée de tous les individus qui  pour une quelconque raison liée à l’existence humaine n’entrent pas dans l’ordre sacré des choses. C’est-là sa principale composition. Pour ce qui est des caractéristiques socio-économiques, il y a d’un côté, ceux et celles qui n’ont aucune voix au chapitre de l’histoire. On peut y inclure à titre d’exemples les esclaves, je dirais de nos jours et pour reprendre une analyse marxiste le prolétariat. Il y aussi les enfants qui, selon une logique strictement paternaliste, ne possède aucune intelligence qui leur permet de distinguer le bien du mal. Enfin, ce cortège de sous-humains se termine par la présence d’un groupe particulier puisque d’une part, il a contribué de par sa seule existence à l’édification de toutes les sociétés depuis la nuit des temps et que d’autres part, il en a maintenu souvent contre son gré sa pérennité. Vous avez sans doute deviné que je fais ici référence aux femmes.

Les femmes sont la pierre angulaire de toutes formes de société. Rappelons-nous qu’elles ont de tous temps été les courroies de transmission intergénérationnelle de la connaissance. Je pense notamment à la science médicinale, à la pharmacopé, aux domaines artistiques et la protection de l’ordre notamment par leur rôle d’éducatrices des enfants. De plus, autre exemple qui prouve mon propos, les femmes ont été le fer-de-lance au plan médical en découvrant des plantes médicinales afin de faire face à des épidémies terrifiantes. Connaissance qui s’est malencontreusement retournée contre elles suites aux accusations de sorcellerie formulées par un clergé, lequel était aussi bien catholique que protestant, qui voyait en elles une redoutable concurrence à son emprise du pouvoir. Le bûcher était rarement appliqué pour les … hommes.

On les condamne non seulement aux pires atrocités au nom de la vertu, mais on leur enlève aussi toute dignité humaine: Pas le droit de penser, de recevoir une éducation adéquate les empêchant ainsi de transmettre leur savoir, de posséder ou d’acquérir des biens, de pouvoir s’exprimer de manière libre et sans contraite. Bref, on leur refuse tout simplement le droit de devenir un citoyen à part entière. Un tel refus prend souvent racine dans un cadre théologique. D’ailleurs, les églises chrétiennes ont mis beaucoup de temps à reconnaître que la femme pouvait avoir une âme laquelle la ramenait, quoique de manière imparfaite, à l’égale de l’Homme. Une égalité qui allait être inhibée par des promulgations doctrinales directement liées à la sexualité féminine.

C’est ainsi que la femme se devait, à l’instar de la Vierge Marie, se contenter d’être un incubateur bipède. Pas le droit de jouir de son corps! Pas le droit à un accomplissement professionnel! Pas le droit à une sexualité épanouie! Une femme se devait d’être un simple instrument au service de l’homme lequel pouvait disposer du corps de celle-ci, et corollairement de ses organes sexuels. La pratique de l’excision et de l’infibulation ont toujours eu pour optique de rendre toute expérience liée au plaisir de la féminité, et ce, au sens le plus intime qui soit pratiquement impossible. Impossible parce qu’interdite dans les moeurs et dans les mentalités, ce qui pouvaient aller jusqu’à l’excision et le port de la burqa.

Pas de féminité sans corps de femme, ni de sexe féminin dans son intégralité. Voilà le point en commun entre ces deux pratiques que l’on peut qualifier à juste titre de rétrogrades et de barbares! D’ailleurs, saviez-vous que la circoncision est un rituel qui a deux origines. Primo, enlever les reliques féminins liées au prépuce qui font à la fois référence au capuchon du clitoris et du parois vaginal chez la femme. Secundo, transmettre l’image du serpent, qui a de tous temps été le symbole de l’immortalité, vers le phallus en érection. Mais, un autre élément beaucoup moins connu et qui pourtant se passait dans les pays anglo-saxons, c’était de rendre la masturbation plus difficile, voire quasi impossible chez le jeune garçon. Une telle pensée proviendrait semble-t-il de l’ère victorienne. Comme quoi il fallait effacer toutes traces de caractéristiques sexuelles féminines chez l’homme en devenir.

Les femmes ont été tuées, torturées, blessées non seulement dans leurs corps mais aussi dans leurs âmes, détruites au plus profond de leurs êtres simplement pour le simple fait d’être nées du mauvais genre. Le domaine artistique peut-il garder le silence devant une telle réalité? Devrait-il plutôt prendre position dans l’éventualité que les violences faites aux femmes redeviennent un créneau socialement acceptable au sein d’une société dite moderne, évoluée et affranchie de toutes pressions religieuses? Comment peut-il agir pour d’un côté, le respect de la foi religieuse soit de mise, après tout le droit de pratiquer une religion fait partie intégrante de la Déclaration des droits de l’Homme et, d’un autre côté, la notion même d’égalité des sexes, si chèrement acquise au fil des années, soit reconnue et appliquée dans les faits? Bien malin qui peut trouver la démarcation appropriée.

Une chose est sûre: Les arts doivent devenir les chiens-de-garde des valeurs de la démocratie, ce qui inclut de manière indubitable légalité des sexes, mais aussi de chaque individu qui compose l’ensemble de la société. En excluant les femmes des pôles socio-économique, politique et médiatique, nous serons inévitablement témoins de voir ladite exclusion s’étendre au reste de la population laquelle sera tôt ou tard au service d’un groupuscule dont les membres seraient issus de la gente masculine appuyée par un clergé fortement hiérarchisé et qui aurait développé une Théologie justificative de sa raison d’être.

Épilogue

Un dicton affirme que l’on juge une société de par le comportement des plus forts vers les plus faibles. Moi, je vous dis que l’on peut davantage juger de l’évolution de toute société par le respect de l’égalité entre tous les citoyens qui la composent. Une égalité qui se veut être pleine et entière, non pas de simples vœux pieux, dans chaque strate social. Cela est d’autant plus exact lorsque l’égalité concerne l’appartenance au sexe libérée de toutes pressions religieuses et socio-économiques.

Les mouvements féministes ont souvent été les portes-parole des groupes les plus défavorisés présents dans la société. Rappelons-nous des différentes luttes que les femmes ont dû accomplir pour obtenir les droits fondamentaux de tout citoyen: luttes pour le droit de vote, pour l’obtention d’un compte bancaire indépendant de celui de leurs conjoints, pour recevoir des soins de santé, pour avoir une scolarité et une formation professionnelle au même titre que leurs homologues masculins. La liste peut encore s’allonger.

Chaque citoyen doit se porter garant de l’intégralité des acquis sociaux que les femmes ont obtenus au fil des dernières décennies. D’ailleurs, de tels acquis ont largement profité à l’ensemble des groupes présents dans les sociétés. C’est d’autant plus le cas lorsque je pense aux domaines artistiques qui ont bénéficié d’un appui incroyable des mouvements féministes dans leurs critiques à l’égard des sociétés contrôlées par une nomenclature jalouse de ses avantages et de ses privilèges. En contrepartie, les domaines artistiques ont servi de tremplin pour les manifestations populaires orchestrées par les associations féministes.

Bref, les arts doivent demeurer les gardiens de la démocratie véritable. Celle où chaque personne aura la possibilité de s’accomplir indépendamment de son appartenance, et même de son orientation, sexuelle. C’est-là où résidera la liberté authentique.

Merci de m’avoir lu.

Rolland St-Gelais

Québec (Québec)

Canada