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La douceur de la fourrure
La douceur de la fourrure
Je me revois aux années de notre jeunesse.
Le temps où on ignorait la peur, la détresse.
Nous ne vivions certes pas dans l’abondance.
Mais, nous ne connaissions guère l’indigence.
Nous habitions dans un logement un peu étroit.
Mais, nous y étions heureux, toi et moi.
Fraîcheur en été, chaleur en hiver !
Sur les lèvres, un joyeux air.
Voilà qui nous comblait chaque jour.
À tes oreilles, je chuchotais des mots d’amour.
Dans mes bras, je te serrais affectueusement.
Et nos cœurs battaient harmonieusement.
Tu prenais un plaisir coquin,
À baisser ma tête vers ton bassin.
Je sentais l’odeur exquise de ton intimité.
Attendant ton signal pour, ton nectar, le déguster.
Telle zone étrange !
Interdite pour les anges.
Ah que j’étais chanceux d’être un mortel,
C’est ainsi que je pouvais savourer, ma belle.
Tu portais fièrement cette mèche,
À laquelle, tu appréciais que je la lèche.
Quel sentiment de bien-être illuminait ton visage,
Chaque fois que j’arpentais de ma langue ce paysage.
Je sentais la douceur incroyable de la fourrure.
Alors que j’admirais avec joie cette splendide parure.
Elle ressemblait à s’y méprendre à une forêt vierge.
Que je m’apprêtais avec minutie à explorer de ma verge.
Devant l’inévitable, nos corps avec flegme s’enlacèrent.
Faisant la sourde oreille aux rumeurs de conflits, de guerre.
Par nos baisers, nos passions s’élevèrent vers les cieux.
Nous étions tout simplement un couple heureux.
J’aurais aimé fonder une famille nombreuse.
Mais, cela était impossible et te rendait malheureuse.
J’acceptais de bon cœur cette réalité avec philosophie.
Car, à bien y penser, nous avions une charmante vie.
Puis le temps est passé inlassablement,
La vieillesse a fait son œuvre inévitablement.
Le crabe est apparu dans ton corps si joli, si frêle.
Il a grugé sans retenu l’étincelle de la force à ma belle.
Ce soir, je vis en un immense appartement.
Que tu sois à mes côtés, je le souhaite tellement.
Mon lit est devenu si restreint en ton absence.
De mon existence, j’en ai à peine conscience.
De
Rolland Jr St-Gelais
Québec (Québec)
Canada
Un ange déchu
Un ange déchu
En cette soirée,
Je me suis senti si fatigué.
Lentement, sur mon sofa, je m’étais assoupi.
Abruptement, dans l’abysse, une force m’a englouti.
Dans un endroit inconnu,
Je m’y suis trouvé entièrement nu.
Où suis-je ? Quel est donc ce lieu mystérieux ?
Que pouvais-je faire, pour y répondre, de mon mieux ?
Écoutant la raison, j’ai commencé à marcher.
Avec résolution, j’ai simplement avancé.
À quoi bon rester sur place ? je m’étais alors dit.
En me répétant qu’il fallait découvrir cet endroit
Le temps semblait figé,
Tout autour de moi était étranger.
Aucun son ne provenait d’un quelconque point.
Tout ce que je pouvais faire était de serrer mes poings.
Bizarrement, une chaleur suffocante m’a envahi.
Avais-je déjà perdu ma conscience, mon esprit ?
La folie sans nom m’avait-elle enlisé dans ses filets ?
Pour une si horrible torture, qu’avais-je donc fait ?
Puis, sans m’y attendre,
Une voix féminine se fit entendre.
Où vas-tu, mon beau ? me demanda-t-elle.
Je lui ai rétorqué : où êtes-vous mademoiselle ?
Sans crier gare, elle est apparue sous mes yeux.
Jamais, de ma vie, je n’ai vu un être si merveilleux.
Son regard était foudroyant comme des éclairs.
Sa peau était rouge comme le feu des enfers.
À son avant-bras était enroulé un serpent d’airain.
Symbole par excellence de Satan, du Malin !
Ses ailes étaient sombres tel un brouillard.
Ses lèvres étaient gorgées d’un délicat nectar.
Lucifer m’a envoyé vers toi en ce solstice d’hiver.
En guise de présent afin que je puisse te satisfaire.
Car, malgré ta vie dans la fornication et la luxure.
Tu as su préserver ton âme pure loin de toute souillure.
Sans hésiter, nous avons fait, avec ardeur, l’amour.
Sous le regard de Baphomet, mon maître, pour toujours.
Que d’étreintes passionnelles réalisées alors que je la pénétrais !
Quels cris de jouissance qu’elle lâchait pendant que je la défonçais !
Sentant nos corps faire qu’un, je n’ai pas pu m’empêcher,
De ma hampe, gonflée de sang, de sa semence, de s’éjecter.
Au fond de cette diablesse, j’y déposais ce liquide onctueux.
Tout en l’embrassant avec ardeur tel un amoureux.
Une fois que tout fut accompli,
Elle se releva en me disant que c’est fini.
Que j’allais bientôt me réveiller de cet étrange sommeil !
Mais, qu’au fond d’elle se trouvait désormais une merveille.
J’ai compris que j’avais fécondé un ange déchu.
J’avais exécuté tout simplement ce qui m’était dévolu.
C’est en ouvrant mes yeux que j’ai repéré, gravé sur ma peau,
Sur ma poitrine, un symbole kabbalistique, de Lilith, son sceau.
De
Rolland Jr St-Gelais
Québec (Québec)
Canada
Tranquillité
Tranquillité
Aujourd’hui, j’ai un seul souhait.
C’est de faire simplement ce qui me plaît.
De prendre la vie du bon côté sans m’inquiéter.
Et, dans les courants de l’aventure, y plonger.
Peu importe l’argent que je vais économiser.
Tous les biens de valeur que j’aurais accumulés,
Rien de cela ne me suivra le jour de mes funérailles.
On croit que tout durera jusqu’au moment où ça déraille.
Nos espoirs et nos inquiétudes sont que des illusions.
Peut-être que nos rêves, nos projets se concrétiseront ?
Nous travaillons depuis toujours pour un avenir meilleur.
Cependant, sans crier gare, s’annonce notre dernière heure.
Il est véridique que c’est dans le silence des flots,
Que je trouverai la source originelle de mes mots !
Toutefois, c’est dans la douceur de mon voile blanc,
Que je découvre en moi un univers totalement différent.
Je ferme les yeux tout en acceptant d’être submergée.
Par une eau bleue traversée de mille rayons ensoleillés.
Retenant mon souffle en prenant conscience de ma faiblesse.
Devant la réalité éphémère de mon être, je préfère en rire d’ivresse.
Quelle drôle de sensation que d’être emporté par le courant incessant !
Quel fait étrange de penser qu’aussitôt émerger, je sentirai le vent.
Quel plaisir indescriptible de voir mon reflet déformé par la houle !
Cette vague laiteuse me faisant apparaître la présence d’une foule.
Mon corps se laissant dorloter par cette main qui m’entoure.
Ressentant le bienfait lointain d’une chaleur émanant d’un four.
Celui auprès duquel, dans mon enfance, je me tenais tout à proximité.
Dans le chalet au bord d’un lac de mes grands-parents chaque été.
Malheureusement, toute bonne chose à une fin.
Je dois sortir de ce lieu intime auquel je me sens si bien.
Tel un nouveau-né que l’on extirpe de la forteresse maternelle.
Je dois de ce pas réintégrer cette terre si belle, mais si cruelle.
De
Rolland Jr St-Gelais
Québec (Québec)
Canada
Je m’en remets
Je m’en remets