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Poupée de cire

Poupée de cire Poème de Rolland Jr St-Gelais Création artistique par Alicia Naty Source : https://www.deviantart.com/alicianaty/art/Sexy-woman-in-the-18th-century-985197078

Poupée de cire

 

Elle était si belle.

Légère, comme une hirondelle.

Mes yeux s’illuminèrent par son charme.

En sa présence, je pouvais que rendre les armes.

 

Pour elle, j’aurais fredonné un refrain, une mélodie, une vieille chanson.

D’une poupée si jolie qui, toute la journée, malheureusement fait non.

Mais, pour une aventure d’un soir, elle m’avait dit simplement oui.

Avec bonheur, je lui ai fait l’amour pendant qu’elle me sourit.

 

Elle semblait si fragile, si menue, si pure, avec ses seins.

Sa peau douce, avec prudence, je caressais avec mes mains.

Elle était étrangère et parlait une langue totalement inconnue.

Nos gestes empreints de tendresse suffirent alors que nous étions nus.

 

Nos baisers échangés exprimèrent tant de regrets.

De ne pas pouvoir partager nos souvenirs, nos secrets.

Sans oublier nos rêves que nous voulons tant accomplir,

Nos projets que nous souhaitons réaliser avant de mourir.

 

Que d’enlacements à en plus finir !

Quel plaisir indescriptible de la voir sourire !

Pourquoi prononcer un seul mot lors de nos ébats ?

L’essentiel n’est-il pas de profiter de cet instant sans faux pas ?

 

Quel moment agréable de sentir son cœur battre à l’unisson !

Au rythme des frôlements de mes doigts sur son buste avec attention.

Je menais alors mon regard vers une zone que je devais explorer.

Un monde auquel je ne cessais d’imaginer, de fantasmer.

 

À ma grande surprise, elle prit ma hampe gorgée de sang.

Pour la diriger vers ce lieu de prédilection, si prestement.

Dire qu’elle portait, voilà quelques minutes, une robe de satin.

Mais, elle savait bien qu’avec moi, elle était entre de fidèles mains.

 

 

Elle semblait si heureuse par mes généreux soins.

Le proverbe l’affirme : toute bonne chose a une fin.

J’ai ouvert mes yeux, dès l’annonce de l’aube, avec lenteur

C’est là que j’ai compris que rien ne sera plus pareil en cette heure.

 

Mes larmes abreuvèrent sans retenue mes draps couleur d’ivoire.

J’ai réalisé, à mon désarroi, que jamais plus, je ne pourrai la revoir.

Ô, belle poupée de cire, reviendras-tu peupler mes songes, mes fantaisies ?

Sans toi, à mes côtés, je n’ai plus de raison de croire et d’espérer en la vie.

 

De

 

Rolland Jr St-Gelais

Québec (Québec)

Canada

La possédée

La possédée Poème de Rolland Jr St-Gelais avec l’autorisation d’Alixia Busch et de Tancrède Szekely

La possédée

 

Il est trois heures du matin.

C’est le moment préféré du Malin.

Je sens monter en moi un feu ardent,

Un désir insatiable de plaire à mes amants.

 

Tout tourne avec violence autour de mon être,

Quelle inquiétante sensation de tout ce mal-être.

Le miroir renvoie une image de femme adultère,

Même si, je l’avoue, j’ai fréquenté bien des pères.

 

À mesure que les lampions noirs illuminèrent la cérémonie,

Mon âme, de toutes les tentations, en fut tellement remplie.

J’ai sans cesse, à mes nombreuses convoitises, succombé.

De cette nuit démoniaque, ma féminité fut imprégnée.

 

Ô, Méphistophélès, quel piège m’as-tu tendu ?

Pendant que j’étais étendue devant ces femmes nues.

Elles récitèrent dans une langue inconnue leurs incantations.

Alors qu’elles se penchèrent vers moi en citant leurs invocations.

 

« Solve ! Coagula ! » Elles se répétèrent inlassablement !

« Entra en Ella Satanas ! » Elles réitérèrent infatigablement !

Une émanation venue de nulle part s’est propagée en ce lieu.

Un endroit si sombre que même Dieu ne pouvait voir de ses yeux.

 

Dans les flammes éternelles, je me suis immergée.

Dans la fournaise de la Géhenne, je me suis engouffrée.

La diablesse de la luxure a ainsi pris le contrôle de mon esprit.

J’ai alors compris quelle maîtresse je servirai pour le reste de ma vie.

 

Ô, mon révérant ! Je vous en supplie, Délivrez-moi de cet abysse.

Pour me libérer, que je fasse sur ce crucifix, une pieuse bise.

Écartez de moi tout le mal à l’exception du péché de la chair.

Il est véridique que la joie bacchanale est loin de me déplaire.

 

Je suis celle que l’on appelle « La possédée ».

De cette nuit, j’ignore réellement ce qui s’est passé.

Sur cette table, ces comparses m’ont offert telle une obole.

Depuis cette célébration satanique, je crois être devenue folle.

 

De

 

Rolland Jr St-Gelais

Québec (Québec)

Canada

Au cœur de la vague

Au cœur de la vague Poème de Rolland Jr St-Gelais Source de la photo : https://www.deviantart.com/appetitive-soul/art/Unnamed-945291267

Au cœur de la vague

 

Me voici en pleine nuit,

Sans lune ni étoiles au firmament,

J’étais attirée vers la mer impétueuse irrésistiblement,

Écoutant les houles frapper les dunes en faisant grand bruit.

 

Je me sentais si seule et si perdue,

Dans une contrée tellement étrangère,

Où diriger mes pas ? Je ne le savais guère.

Cette mer si agitée semblait s’étaler à perte de vue.

 

C’est alors que j’ai cru percevoir un appel mystérieux.

Une voix qui m’exhortait par le nom de mes précurseurs,

Ceux qui formèrent l’une des nombreuses tribus sans peur.

Les Celtes qui pratiquaient des rites mystiques pour être heureux.

 

Vivre en une parfaite harmonie avec la nature !

Écouter avec attention les messages des saisons !

Mettre en équilibre en tout temps la foi et la raison !

Voilà quels étaient les fondements de leur être dans une sincérité pure.

 

Ces paroles m’appelaient inlassablement.

Sans y prendre garde, je me dirigeais vers une falaise.

C’est à son sommet que je vis ces dames qui me parurent si à l’aise.

Tandis que l’une d’elles s’approcha de moi bien tranquillement.

 

Elle m’invita à rejoindre ses âmes sœurs.

Les sorcières de la mer de la Bretagne et des alentours.

Cette région où sont racontées les légendes de fantômes et d’amour.

Sans plus attendre, j’ai retiré mes vêtements en gardant une étrange pudeur.

 

J’avais après tout trouvé bien des réponses à mes questions,

Que je me répétais chaque jour depuis mon entrée au pensionnat.

Cet endroit lugubre où à la suite du décès de mes parents on me plaça.

Car, croyait-on à cette époque d’inouïe intolérance, j’avais perdu la raison.

 

J’ai enfin compris d’où vinrent mes innombrables incantations,

Que je récitais dans une langue qui m’était totalement inconnue !

Une femme fière de ses origines et de ses traditions, je suis devenue.

Voilà pourquoi, je devais revenir parmi mes sœurs au sein de cette nation.

 

Au cœur de la vague, je me suis laissée étreinte.

Au milieu de ces dames, je me sentais vivre en toute liberté.

Je savais qu’au fond de moi ma place y était depuis toujours réservée.

C’est à ce moment-là que pour une fois mes peurs se sont à jamais éteintes.

 

De

 

Rolland Jr St-Gelais

Québec (Québec)

Canada

Son Rosaire

Rosaire
Poème par RollandJr St-Gelais Photo avec la permission de Aakoran Source : https://www.deviantart.com/aakoran/art/Rosary-621958015

Son Rosaire

 

Comme je n’avais rien à faire,

Et que cela ne me convient guère,

J’ai voulu faire le ménage dans mes affaires,

C’est alors que j’ai trouvé quelques souvenirs de ma grand-mère.

 

En ouvrant une vieille valise toute poussiéreuse,

Remplie de choses qui me paraissaient bien mystérieuses,

Des objets d’une autre époque tellement différente de la nôtre,

Dire que de ces nombreux souvenirs mon petit grenier en est l’hôte.

 

Découvrant avec précaution ces objets tel un trésor,

Qui étaient bien plus précieux que de l’argent et de l’or,

Ils témoignèrent de l’expérience d’une dame ayant jadis vécue,

À une époque où les valeurs de la jarretière sont à jamais révolues.

 

J’ai trouvé une photo où elle souriait,

À côté de mon grand-père ! Comme elle l’aimait.

Elle l’aimait encore plus que la prunelle de ses yeux si bleus,

Avant qu’il soit appelé loin à un âge vénérable tout là-haut dans les Cieux.

 

J’ai découvert bien des lettres remplies de mystère,

Des lettres d’amour et de secret échangées pendant la Grande Guerre,

Elle lui annonça qu’elle allait bientôt avoir leur premier enfant,

Mon père qui sera le présage de nombreux descendants.

 

J’ai trouvé des vieux livres écrits en une langue inconnue,

Je me suis dit qu’il est fort possible qu’elle seule les avait lus,

Sa robe de noces était toute pliée tout au fond avec grand soin,

Comme disait ma mère elle seule savait le faire avec ses délicates mains.

 

De tout ce que j’ai pu en cette valise trouvé,

Une seule à mes yeux et en mon cœur pouvait vraiment compter,

Ce fut ce chapelet de noir et d’argent avec lequel elle récitait ses prières,

De ce Credo, ces Ave Maria et Noster Pater quand elle disait son Rosaire.

 

De

 

RollandJr St-Gelais

Québec (Québec)

Canada