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Je ne peux pas supporter le bruit des bombes

« Je ne peux pas supporter le bruit des bombes » Poème de Rolland Jr St-Gelais Dessin par Michel T. Desroches

Je ne peux pas supporter le bruit des bombes

 

La nuit est depuis peu tombée.

J’entends déjà les sirènes sonner.

Elles annoncent les avions qui approchent.

Leurs aviateurs obéissent aux ordres sans reproches.

 

Des vrombissements parcourent le ciel éclairé.

Par des projecteurs à la recherche d’anges damnés.

Des anges déchus aux ailes chargées de lourdes bombes.

Lesquelles amèneront leur lot de victimes dans leurs tombes.

 

Terrés en silence dans des abris de fortune,

Des inconnus et moi vivons une telle infortune.

Peut-on appeler vivre quand l’on attend sa mort?

En cet instant précis, peu d’entre nous connaît leur sort.

 

Des sifflements assourdissants passent au loin.

Qui annoncent, tel un messager, nos ultimes destins.

Certains verront le jour, d’autres resteront dans la nuit.

L’épée de Damoclès choisira en un éclair ceux qui resteront en vie.

 

Trois longues secondes s’écoulent bien lentement.

Dans le sablier que Chronos tient dans sa main fermement.

Les battements de mon cœur me prouvent que je suis encore en vie.

Mais, pour combien de temps devrais-je en ce lieu rester enfoui?

 

Les bombes éclatent faisant ainsi leurs sales besognes.

Ici, des morts ! Là, des estropiés ! Des sourds et parfois des borgnes.

Des centaines de cris percent l’horizon illuminé par les éclats mortels.

Des clameurs qui portent vers le ciel les êtres devenus désormais immortels.

 

Je croyais pouvoir tout voir, tout entendre en cette vie, en cette heure.

Car, j’ai travaillé dans des pays où sévissaient tellement de malheur.

Croyez-moi! Sur cette terre, rien de pire que de creuser des tombes.

C’est la réalité. Je ne peux pas supporter le bruit des bombes.

 

De

 

Rolland Jr St-Gelais

Québec (Québec)

Canada

 

Mirages

Mirages Texte de RollandJr St-Gelais Photo de Gfriedberg Source: https://www.deviantart.com/gfriedberg/art/Candling-889960127

Mirages

La vie a plusieurs facettes. Des facettes que l’on construit à partir de nos souvenirs, de nos certitudes, de nos valeurs et de nos attentes. En effet, tout dans la vie peut être différent en chaque personne. Elle peut être remplie de beauté, de tristesse, de moments fastidieux, d’autres moments dans des misères extrêmes. Souvent, nous tenons pour acquises la santé, la richesse, la jeunesse, pour les plus chanceux, la beauté. Celle qui correspond aux normes établies par la société. Or, tout peut disparaître du jour au lendemain.

Des empereurs ont souhaité ardemment fonder une dynastie qui aurait perduré à travers les siècles. Mais, comme le temps ronge inexorablement les secondes qui s’écoulent du sablier, tel le titan « Chronos » qui dévorait ses enfants à peine sortis de son ventre, rien ne dure éternellement. Tout apparaît pour disparaître tôt ou tard. C’est là la seule réalité. D’autres ont voulu se bâtir des fortunes afin de se prémunir de la disette. Ce qui n’a pas empêché de subir les contrecoups du caractère imprévisible de la vie.

Une guerre? Une épidémie? Un revers du hasard? Un coup du destin? Il y a autant de causes à la mauvaise fortune qu’il y en a à l’origine de l’opulence. 

La vie est belle et bien éphémère. Elle dure l’instant d’un battement d’ailes. Des ailes qui parfois nous amènent vers des sommets, parfois vers des trous sans fond ou bien encore des mirages. Mirages au cœur de nos déserts, de nos solitudes et de nos questions souvent sans réponse. Mirages au loin qui peuplent nos rêves sans lendemain.

Rolland Jr St-Gelais de Québec au Canada

Corps présent ! Regard absent !

Regard absent II

Dessin de mon ami Eri Kel de la France

Corps présent ! Regard absent !

 

Je pense en silence,

Sans prononcer un mot,

Sur ce qui ce passe sur les eaux,

Comme je le faisais durant mon enfance.

 

J’ignore quoi penser de ce monde,

Qui blesse notre sainte mère Dame Nature,

Qui nous offrait ces milles merveilles si pures,

Et maintenant, comment ne point avoir honte ?

 

De nos actions destructrices ?

De nos paroles mensongères et séductrices ?

De nos pensées pernicieuses nous précipitant ?

Dans les flammes de l’Enfer et dans les abîmes du néant ?

 

Peuples aux désirs inassouvis,

Qui exploitent sans arrêt celle qui donne la vie,

Depuis la nuit des temps où Chronos cessa de manger ses enfants,

Labeur des hommes fut le lot de nos ancêtres des terres d’antan.

 

Ne savaient-ils pas notre précarité ?

Où chaque jour de nos pauvres vies est compté ?

Que notre terre est aussi notre unique mère des mers ?

De ces mers découvertes par hommes de paix et hommes de guerre.

 

Oui, mon corps est de plein gré présent.

Oui, mon amour pour cet art est toujours vivant.

Mais, je m’inquiète pour vos enfants les petits et les grands.

Que sera ce monde sans leurs yeux si ce n’est qu’un regard absent ?

 

De

 

RollandJr St-Gelais

Québec (Québec)

Canada

Prendre un court moment

 

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Modèle nue ? Carrolanne Boies

 

Prendre un court moment

 

Prendre un court moment,

Vivre le temps ici et maintenant,

Afin de savoir où nous sommes rendus,

Sur les aiguilles d’une montre suspendue.

 

Temps arrêté par Chronos,

Qui me broie allègrement tous les os,

De ces multiples inquiétudes qui me brisent,

Qui me glacent le sang sur mon visage telle une bise.

 

Qu’adviendra-t-il de mon âme à mon heure ?

Devrais-je affronter ma destinée malgré mes peurs ?

Ce que j’aimerais tellement reculer ces aiguilles,

En mon esprit mes souvenirs sans cesse défilent.

 

Prendre conscience de ces lointains plaisirs,

Ne cesse de me faire languir et souffrir,

De ces pays et de ces contrés,

Avec celles que j’ai aimées.

 

De

 

RollandJr St-Gelais

Québec (Québec)

Canada

Être là …

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Être là …

 

Être là quand on je ne m’y attend pas,
Marcher vers toi en glissant doucement de mes pas,
Retenir mon souffle jusqu’au moment où je t’ai embrassée,
Sentant mon cœur infidèle de ta flamme immortelle s’embraser.

 

Être près de toi dans le silence de la nuit,
Entendre les gémissements de ta voix du plaisir interdit,
Maintenir la cadence du va-et-vient de ma hampe profonde,
Dans ton corps mirifique de déesse qu’avec délicatesse je sonde.

 

Être en toi avec délice,
Que je ne saurais décrire sans faire supplice,
Douleur du début fit place, ô quel bonheur, aux joies ineffables,
De ma chaude verge tu en redemandas avec volonté insatiable.

 

Être ensemble pour cette nuit,
Même si ce ne sera jamais, on le sait bien, pour la vie,
Ressembler avec un sourire malin à ces divinités de l’Olympe céleste,
Voilà ô mon amour le symbolisme de nos imperturbables caresses.

 

Être nus sans en éprouver de la honte,
Devant cette foule de gens hypocrites et si immondes,
Que même les flammes de la Géhenne au loin les rejetteraient,
Pour les condamner au froid du néant que Chronos jadis occupait.

 

Être sous l’emprise de ton regard,
De ton charme irrésistible, tu en développas un art,
Voilà que je m’avoue devant toi, ô ma bien-aimée chérie, vaincu.
Voilà ma raison de vivre cette nuit où nous candidement étions nus.

 

Être ou ne pas être ?
Quelle serait selon l’anglais la véritable question,
Celui qui de sa plume vertueuse enjoliva la terre d’Albion,
Répondons-lui, ma tendre aimée, que c’est mieux que de paraître.

 

De

 

RollandJr St-Gelais
Québec (Québec)
Canada