Mon vieil ours en peluche
Nue et couchée sur le sofa,
Un ami d’adolescence se trouve devant moi.
Je me rappelle lui avoir tout livré, tout raconté.
De ces jours qui m’ont fait tant rire ou larmoyer.
Malgré ces années qui se sont, au gré du vent, envolées,
De ce compagnon fidèle, je ne m’en suis jamais lassée.
Je lui ai révélé tant de mystères les plus confidentiels.
Que j’étais, entre autres, amoureuse d’une fille si belle !
Elle peuplait mes rêves chaque nuit.
Nous jouions dans un pré auquel se trouvait un puits.
Je la serrais contre mon cœur avec grande délicatesse.
Ouvrant les yeux, mon ourson me consolait de ma tristesse.
Les années sont passées et nous avons poursuivi nos chemins.
Chacune de nous a accompli, comme elle le pouvait, son destin.
J’ai eu autant d’amants que de maîtresses au cours de ma vie.
Mais, à chaque aventure, elle envahissait à coup sûr mon esprit.
Dites-moi, est-ce, au commun des mortels, si difficile à comprendre ?
Que jamais, de tels sentiments d’affection, elle ne pourrait me rendre.
Des pays paradisiaques, j’ai tant découvert, tant visité et adoré.
Mais, elle occupait par la force des choses mes pensées.
Fort heureusement, j’avais tout enfoui dans mes bagages.
Un compagnon dévoué qui se joignait à moi au fil des âges.
Pareil un pèlerin silencieux parcourant le chemin de Compostelle.
Il était, lui aussi, bien malgré moi, à la recherche de ma belle.
Puis, devant l’inévitable, j’ai pris conscience.
Que la vie m’avait envoyé une lourde pénitence !
Parce que je n’avais su mon affection, le lui exprimer.
Il me reste mon vieil ours en peluche pour me consoler.
De