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Fugitive

Fugitive Poème de Rolland Jr St-Gelais Création par Amani Lizah Glaise

 

Fugitive

 

Devant l’annonce de l’inévitable,

Je comprends cette valeur inestimable,

De mon existence, de mon chemin et de mon destin.

C’est pourquoi je désire enfin me prendre en main.

 

J’ai subi tant de colère,

Encore pire que tous les enfers.

On dit que l’amour peut blesser.

Je vous répondrai que ça peut aussi tuer.

 

De ses coups et de ses crises de jalousie,

Je sais que je mérite tellement mieux en cette vie.

Sans dire un mot, alors qu’il dormait, je me suis enfuie.

J’ai pris mon paletot pour me protéger de la pluie.

 

Sans même me retourner, j’ai couru vers la rivière.

Pas une seule fois, j’ai osé regarder en arrière.

Je ne serai plus son jouet ni sa prisonnière.

De ses promesses d’ivrogne, je n’ai que faire.

 

Je suis femme maîtresse de sa volonté.

Je désire vivre mon entière liberté.

Je suis celle que l’on appelle la fugitive.

Un sang pur coule dans mes veines vives.

 

Cheveux noirs dans le vent fougueux.

J’irai même défier tous les dieux.

Évadée de cette lourde prison !

Maintenant et pour de bon !

 

De

 

Rolland Jr St-Gelais

Québec (Québec)

Canada

Je patientais

Je patientais Poème de Rolland Jr St-Gelais Photo de la collection de Appetitive-Soul Source : https://www.deviantart.com/appetitive-soul/art/473-1000-953758870

Je patientais

 

Je suis venue à votre rencontre,

À l’heure convenue sur ma montre.

J’ai pris mon temps pour me mettre en beauté.

C’est la première fois qu’à une telle séance que je poserai.

 

Je suis arrivée à huit heures pile.

Mon éducation a été sévère quand j’étais jeune fille.

« Sois ponctuelle et tu réussiras » me répétait ma mère!

« Lève-toi tôt et tu verras tes jours » me disait mon sage père!

 

Dès mon arrivée, vous m’avez servi une tasse de thé.

Avec quelques biscuits au goût légèrement sucré.

Il est vrai qu’un tel geste de courtoisie m’a plu.

Alors qu’en les savourant, je me mettais nue.

 

J’avais répondu à votre annonce parue dans le journal local.

Un tel avis, à cette époque assez libertine, me paraissait peu banal.

Le cachet était intéressant pour quelques clichés de pure nudité.

Les règles étaient établies lors de notre discussion en privée.

 

Ah! Vous voilà?! C’est le temps de travailler.

Allons-y! Je me sens en pleine forme pour besogner.

Pour dire vrai, cela fait si longtemps que je rêvais de ce moment.

Je patientais bien sagement jusqu’à ce précieux évènement.

 

De

 

Rolland Jr St-Gelais

Québec (Québec)

Canada

Les deux comparses

Les deux comparses Poème de Rolland Jr St-Gelais Photo choisie par Appetitive-Soul Source : https://www.deviantart.com/appetitive-soul/art/1900-109-930333494

Les deux comparses 

 

J’ai, parmi mes nombreux souvenirs, d’un temps lointain.

Une époque où je jouissais d’une réputation d’être vilain. 

Je n’étais pas bien méchant, mais pas un ange, non plus. 

Sorti tout droit de l’adolescence, je croyais avoir tout vu. 

 

Jeune homme ! Je quittais à peine le collège. 

Diplôme en mains, maintenant que ferais-je ? 

Je ne voulais guère occuper un quelconque boulot. 

Subvenir par un maigre salaire équivaut à être penaud. 

 

Or, un jour, j’ai lu cette annonce dans le quotidien du quartier. 

« Homme recherché, de belle apparence n’ayant pas peur de travailler. » 

Griffonnant à la hâte sur un morceau de papier le numéro de téléphone.

Un grand coup de chance incroyable, cette idée, en ma tête résonne. 

 

En quelques secondes, arrivé chez moi, j’ai appelé.  

Une douce voix me répondit à l’autre bout du combiné. 

Elle me donna l’adresse où aller, située près de ma demeure. 

Et, le plus important, à ce rendez-vous, lui fixer une heure. 

 

Peu après avoir pris un bon repas au dîner.

Pour mes amis d’Amérique du Nord, c’est le souper, 

Je suis parti avec une grande joie à mon entrevue d’embauche. 

Sans me douter qu’il s’agissait d’une maison de débauche. 

 

Un établissement, haut de gamme, situé à proximité d’une modeste chapelle. 

Quoi de mieux pour aller se confesser après avoir connu de femmes si belles ? 

Car, des sept péchés capitaux, le plus pardonnable est celui de la luxure. 

En effet, le plaisir de la chair ne fait point de mal à l’être au cœur pur. 

 

Dès que je frappai quatre coups à la porte, un clapet s’entrouvrit. 

Une voix sucrée se fit entendre : « Mot de passe, je vous prie ! » 

« La France parle aux Français », j’ai immédiatement répondu. 

En pensant à mes quelques cours d’histoire maintenant révolus. 

 

Deux jolies demoiselles m’ont ouvert la porte de cet endroit mystérieux. 

Elles m’ont reçu de leurs sourires radieux tout en conservant leur sérieux.

Après tout, pour la première fois, je postulais ma candidature pour un emploi.

 Qui, je le souhaitais ardemment, allait réellement faire un homme de moi.

 

Outre le fait qu’elles ont agi avec une remarquable délicatesse.

Elles portèrent chacune une nuisette qui leur allait jusqu’aux fesses. 

Elles m’ont alors expliqué quel serait mon travail en évitant les détails.

Grosso modo, percevoir les sous des clients et veiller à l’ensemble des victuailles.

 

Mettre à la porte, si nécessaire, les récalcitrants,

En s’abstenant d’user d’une force inutile, bien évidemment.

Voir à ce que tout soit aux bons endroits et que tout soit en ordre.

Afin d’éviter l’apparition d’un Capharnaüm et d’un vulgaire désordre.

 

Elles me racontèrent tant de choses, tant d’histoires, au sujet. 

De cet endroit où viennent des hommes tantôt beaux, parfois laids.

Que d’anecdotes coquines et de secrets diplomatiques elles me dirent !

Ces deux comparses, tels des larrons en foire, m’ont bien fait rire.

 

Elles ont surpris tant de mecs en tout genre et de tous les styles.

Des bûcherons aux allures viriles voulant impressionner les filles.

Jusqu’aux efféminés qui désirèrent démontrer leur féminité.

Car, il faut l’admettre, il y a pour tous les goûts dans la société.

 

C’est avec honneur que j’ai accepté ce premier emploi.

Car, comme mon père disait, de son vivant, un homme de Loi.

Rappelle-toi mon fils de ceci : « Il n’y a point de sots métiers.

Il y a que de sottes gens. » Il a mainte et mainte fois répété.

 

De 

 

Rolland Jr Gelais 

Québec (Québec)

Canada

Je me souviens bien

Je me souviens bien Poème de Rolland Jr St-Gelais Collection de Appetitive-Soul Source : https://www.deviantart.com/appetitive-soul/art/S-l1600-8-917609033

Je me souviens bien

 

Je me souviens bien

De ce jour où je t’ai vue

À cette séance photo où tu étais venue

Nous avions discuté des poses avec entrain.

 

Quelques jours auparavant, j’avais passé une annonce

Cela m’avait coûté seulement quelques centimes

J’y étais allé à pied en fredonnant une étrange rime

Dans un quotidien, en espérant que personne n’y renonce.

 

Puis par un bon matin, j’ai reçu ton appel

Jour après jour, le temps lentement passa

Je l’avoue avec plaisir, ta douce voix m’étonna

Mais, je ne me doutais point comme tu étais belle.

 

Nous nous étions convenu d’une heure

Pour réaliser cette séance photo avec salaire

Pour être franc avec toi, cela commençait à me plaire

Plus les minutes s’écoulèrent, plus en moi venait le bonheur.

 

Dès le moment où tu es entrée dans mon appartement

Tu m’avais, par ton charme et par ta beauté, bien envoûté

Tes yeux avaient réussi à pénétrer mon âme alors si bien cachée

Je savais bien que depuis ta venue rien n’allait être comme avant.

 

Souvent, je t’ai invitée à prendre un café au bistrot

Avec tendresse et respect, nous nous sommes connus

Jamais de ma vie tant d’amour en mon cœur je n’aurais cru

Ces instants passés sont devenus mes souvenirs les plus beaux.

 

Malheureusement, une maladie sournoise t’a emportée

Laissant en moi une douleur sans nom sans âme

Emportant ma joie de vivre dans les flammes

Ma chérie, si tu savais comme je t’ai aimée.

 

De

 

Rolland Jr St-Gelais

Québec (Québec)

Canada

 

État d’esprit

État d’esprit poème de RollandJr St-Gelais peinture à l’huile de Maryse Veysseyre

État d’esprit

 

Les temps sont tellement durs,

C’est là une chose dont on peut être sûrs,

Tant de questions face à notre avenir,

Tant de raisons pour perdre le sourire.

 

Voilà mon raisonnement en ce matin,

Avant que je me souvienne d’un autre chemin,

Un chemin que la vie m’a fait jadis connaître,

Qui m’a fait saisir qu’en tout temps nous pouvons renaître.

 

C’est alors que vers une armoire je me suis dirigée,

À cause d’un vieux souvenir que je souhaitais retrouver.

Dans le coffre situé tout en dessous des manteaux,

Qu’autrefois je portais pour plaire aux garçons si beaux.

 

 

C’est dans ce coffre que j’ai trouvé une toile,

À la lumière du jour ses couleurs se dévoilent,

J’étais jeune à cette époque des années glorieuses,

Ces années où les femmes aspiraient enfin à être ambitieuses.

 

 

J’avais répondu à une annonce dans un journal,

Une annonce qui me paraissait n’être point banale,

Recherchons femme libérée et de belle apparence,

Pour des peintures faites à l’occasion d’une séance.

 

 

Une fois sur les lieux et les papiers signés,

On me montra le vestiaire où j’allais me déshabiller,

Bien entendu que j’allais sur moi un peignoir conserver,

Que j’enlèverai une fois sur la scène je serai installée.

 

Quel bien-être incroyable j’ai ressenti,

Aussitôt les yeux de ces étudiantes je vis,

Ma place était vraiment là je l’avais compris,

Elles avaient tant besoin d’un modèle un peu insoumis.

 

 

Un modèle à l’image de cette jeunesse révoltée,

Une jeunesse à la recherche de sensations insoupçonnées,

Une jeunesse qui en avait assez de l’ordre établi par les aînés,

Une jeunesse qui désirait vivre, respirer et librement aimer.

 

Oui, je crois encore en la jeunesse à qui l’on a tant volé.

Ses rêves, ses espoirs et ses projets supposément à jamais envolés.

Car, moi aussi, j’étais jeune et je le suis toujours de tout mon cœur,

Et à la vue de cette toile, je refuse une fois encore d’avoir peur.

 

Un état de grâce lentement animait mon être,

Une extase qui m’envahissait d’un si étrange bien-être,

Je me souvenais alors de cette parole que j’avais prononcée,

Veuillez mes chères sur vos toiles cet instant immortaliser.

 

 

Je veux me souvenir maintenant et pour toujours de cette soirée,

Une soirée où devant des inconnues j’étais nue en tout simplicité

Et lorsque dans le futur mes craintes paraîtront être sans répit,

Une de vos toiles pourra tellement changer mon état d’esprit.

 

De

 

 

RollandJr St-Gelais

Québec (Québec)

Canada