Depuis la nuit des temps les hommes se sont questionnés sur les multiples facettes qui composent la vie. D’ailleurs, les expériences de l’existence humaine auxquelles nous sommes tous confrontés sont si nombreuses qu’il me paraît illusoire de tenter de les énumérer même si certaines d’entre elles peuvent sembler être d’une injustice flagrante à notre endroit. Je pense notamment à la maladie, à la pauvreté et à la perte de personnes chères à nos yeux. Qui d’entre nous n’a pas vécu à un moment donné de sa vie des situations où tout lui paraissait injuste, voire absurde, tellement sa souffrance l’accablait ? C’est un fait, aucun d’entre nous n’y échappe. C’est là le lot de l’humanité, et ce peu importe les époques.
Plusieurs questions apparaissent au fil des événements auxquels nous sommes confrontés. Parmi celles-ci ; devrions-nous nous révolter ou tout simplement abdiquer ? Serait-il plutôt à notre avantage de se relever et de porter sa croix de manière libre et pleinement conscients vis-à-vis à son propre destin ? C’est un fait indéniable ! Oui, nous avons le choix de parcourir ou non la route plus ou moins sinueuse qui se dresse devant nous. Oui, nous avons également l’option de se fermer les yeux et de faire comme si rien était. Or, dans ce cas-ci, le seul résultat possible est un appauvrissement au sein de son être, voire ici de son âme, qui l’amènera inexorablement dans les profondeurs de l’Enfer. Un Enfer où il nous sera impossible d’en sortir étant donné le vide qui nous entourera et qui nous étouffera sans ménagement. Est-il utile de vous rappeler qu’il n’y a pas pire vide que celui provoqué par l’absence d’amour ? Et où se trouve la véritable source d’Amour, basé sur une pureté sans égale et à peine concevable pour le commun des mortels, sinon en Dieu seul ?
Voilà pourquoi l’image dite « du Sacré-Cœur », une des images qui possèdent une sacralité hors du commun au sein même des grandes églises chrétiennes telles que l’église catholique, anglicane et les églises orthodoxes, revêt une importance indispensable auprès de votre humble serviteur. Et pour causes ! Prendre la position du Christ sur la croix, et de surcroit entièrement nu, ne se fait pas sans raison.
En effet, cela embrasse un symbolisme qui unit à la perfection l’être humain au caractère divin qui l’habite, lui octroyant ainsi un aspect sacré. Une sacralité qui nous rappelle que nous sommes tous et toutes sensibles face à la souffrance, la nôtre et celle que l’on éprouve par la compassion ou l’empathie à l’égard des gens que nous pouvons rencontrer dans nos vies. Est-il utile de vous dire que nos souffrances et nos limites peuvent en maintes occasions nous rapprocher de nos frères et de nos sœurs en cette humanité ? D’ailleurs, une telle photo renferme plusieurs caractères liés à la sacralité.
En premier lieu, la posture reflète en elle-même tout le respect dû à la fois à la nudité totale de mon corps, voire ici la partie dite « profane », et l’allusion directe du Christ mourant sur la croix afin de racheter, voire ici la partie « sacrée », l’humanité de ses péchés tel qu’enseigné selon la théologie chrétienne toutes dénominations confondues. Croyez-moi sur parole ! La décision de prendre une telle position est apparue en mon esprit aussi subitement, je dirais même un peu à la blague de manière presque miraculeuse, que la voix du Christ qui interpela l’apôtre Paul sur le chemin de Damas lors de ses démarches de persécutions contre les premiers chrétiens.
En deuxième lieu, une telle photo contient plusieurs éléments qui se rapportent au Christ souffrant sur la croix. Je pense, entre autres, aux quelques cicatrices qui se démarquent sur mon thorax. Cela ne vous rappelle-t-il pas cette grande et noble vérité : Qui d’entre nous n’a pas ses propres cicatrices, visibles ou non à l’œil nu, que l’existence lui a infligées suite à des expériences plus ou moins douloureuses lesquelles laissèrent des blessures au cours de la vie ? D’ailleurs, une de mes cicatrices se situe exactement au niveau de mon … cœur. Fait étonnant quand je pense au titre même de l’exposition tirée de cette photo : Sacré-Cœur.
En troisième lieu, la nudité qui y est présentée l’est tout de même de manière tout à fait sereine et dépourvue, Dieu merci, de fausse pudeur. Particularités que je qualifierais de rarissimes où la nudité est malheureusement exhibée sous forme de marchandise au sein de la grande majorité des médias de masse, en particuliers les sites pornographiques mais pas seulement. Une telle sérénité démontre une fois de plus qu’il ne peut y avoir, en aucun temps et en aucune façon, de honte à l’égard de ce que nous sommes au plus profond de soi. Voilà pourquoi, et c’est là mon opinion et rien d’autre, nous avons tous nos limites, nos barrières et nos infirmités parfois psychologiques et parfois physiques, qui peuvent se transformer en un catalyseur de force incroyable à la condition sine qua none que le désir de se surpasser est présent en soi. Quoi de plus fort que de voir au-delà de nos premiers regards sur soi ? Quoi de plus magnifique, voire extraordinaire et même parfois mystique, de faire la découverte d’une puissance insoupçonnée cachée au plus profond de nous ? C’est ainsi, prenez-le à titre d’un simple exemple, que l’absence de mes mains n’empêche pas de les imaginer clouées sur une croix. Il y en va de même pour le commun des mortels puisque voir au-delà du premier coup d’œil peut être le début d’une nouvelle vie, voire même d’une résurrection.
L’absence de fausse pudeur démontre aussi de manière claire et sans ambiguïté que la nudité possède également une sacralité qui lui est propre. Ma masculinité, admettons-le bien visible, nous rappelle que le Christ était avant toute chose un homme vivant dans un corps mortel au sein d’une communauté ayant ses règles et ses codes de conduites sans oublier sa foi en un livre où le récit d’Adam et d’Ève qui ont été créés nus occupe une place prépondérante dans le récit, avouons-le modestement, hautement symbolique du début de l’histoire de l’humanité. Là encore, la nudité des deux protagonistes est empreinte d’une grande pureté tout en reconnaissant de manière subtile, par le désir du Créateur de les voir féconds et prospères, que la sexualité leur est un droit inaliénable.
Enfin, le dernier point que je souhaite aborder dans ce texte concerne l’élément le plus crucial sur cette photo. Il s’agit de ne jamais craindre de tomber puisque cela est propre à chacun d’entre nous. Un vieil adage affirme avec raison que ce n’est pas le nombre de fois que nous tombons qui importe le plus mais bien celui où nous nous relevons afin de poursuivre notre route jour après jour jusqu’à la victoire finale, celle où nous allons découvrir le sens véritable de notre existence. Rien de plus facile que de tomber, mais rien de plus ardu de prendre sa croix et se relever !
Mon père m’a déjà raconté qu’il avait décidé de me montrer à marcher afin de faire mentir les plus sombres pronostics de certains médecins à mon endroit. C’est ainsi qu’il m’avait placé à l’extrémité du couloir de la maison familiale alors qu’il se tenait à l’autre extrémité. Il m’ordonna de venir vers lui debout et non pas à genoux comme j’étais habitué de le faire. C’est après ma troisième chute que j’ai eu assez de force pour me tenir debout et d’aller ainsi vers mon père et, fait intéressant, de n’avoir plus jamais rampé du reste de ma tendre enfance. Cela ne vous rappelle-t-il pas un certain récit des évangiles ? Le Christ a tombé trois fois avant d’être cloué sur la croix afin de revenir sous une forme totalement différente après sa résurrection. J’ai aussi tombé trois fois mais en bout de ligne cela a permis à mon père de m’aider à découvrir le monde qui s’ouvrait désormais devant moi. Or, un tel événement a eu lieu à la même heure où la célébration eucharistique était célébrée en ce dimanche. Comme quoi la foi transporte des montagnes. Merci papa ! Merci mon Dieu !
J’espère que vous avez profité de la belle température en cette journée magnifique du mois d’août. Pour ma part, je peux vous dire que je nage dans le parfait bonheur depuis mon séjour à Montréal. Un séjour qui m’a permis d’une part, de faire la paix avec une partie de moi-même laquelle a été enfouie au plus profond de moi pendant très longtemps et que, d’autre part, j’ai pu vivre ma passion en tant que modèle nu. Une passion pour laquelle je serai prêt à mourir tellement elle fait partie intégrante de ma personne.
Mon séjour à Montréal a également favorisé une réflexion sur le sens de ma vie. Qui suis-je ? D’où viens-je ? Où vais-je ? Une réflexion qui s’est avérée être indispensable pour mon bien-être personnel surtout après certains évènements qui avaient implanté l’idée de commettre l’irréparable en votre humble serviteur. Dieu merci ! L’appui de mes amis les plus précieux, la présence d’une femme qui est à la fois une véritable perle à mes yeux et l’amour de ma vie, sans oublier ma foi en Dieu, ont été les appuis sur lesquels j’ai pu me redresser afin de réapprendre à voir mon existence avec sérénité et avec amour.
Les réponses aux trois questions d’ordre philosophique, lesquelles ont jalonné mon esprit pendant toute la journée du 8 août 2016, sont les pierres angulaires de cet article. Trois questions qui m’ont guidé dans ma lecture de mon passé et de mon présent exactement comme un livre ouvert. C’est tout de même étrange si l’on pense que c’est bien la première fois qu’un tel fait ait lieu dans ma vie. N’est-ce pas ?!
C’est en parcourant Montréal, que ce soit la veille de la séance de nu artistique avec la magnifique Phylactère ou bien pendant mon après-midi où j’étais libre comme l’air afin de redécouvrir la splendeur de cette ville qui m’a donné une nouvelle naissance, que la question de savoir qui je suis vraiment m’est venu en tête. Qui suis-je ? Homme semblable comme ceux qui vivent sur cette planète appelée la terre. Homme qui aspire à donner son meilleur tout en évitant de faire le mal. Homme qui vit d’espoir, qui a des rêves et des objectifs plus ou moins atteignables. Un homme au parcours troublant, qui devait sans cesse affronter les regards inquisiteurs sans nier ceux plein de tendresses poser sur lui. Homme libre-penseur et libre d’action en dépit des « qu’en-dira-t-on ». Homme pleinement masculin cherchant son petit bonheur sur la route de sa destinée.
Ces réponses quoique d’une simplicité déconcertante me sont apparues lorsque j’ai revu certains lieux où j’y avais passé des moments liés à ma situation physique tels que l’hôpital Ste-Justine et le centre Gingras-Lindsay, jadis l’Institut de réhabilitation de Montréal, et même l’université de Montréal où j’ai servi de cobaye pour une recherche en psychologie sur les victimes de la Thalidomide sans omettre le lieu de pèlerinage de l’oratoire St-Joseph où ma marraine m’avait amené en maintes occasions pour y prier Dieu tout en essayant de fortifier ma foi selon ses capacités.
J’ai aussi revu en pensées bien d’autres endroits où j’y ai vécu des situations pas très agréables. Chose étrange ! Apprendre le décès de certaines personnes qui y ont été présentes m’a permis de tourner la page de manière définitive. Oui, mon expérience de vie a façonné l’être que je suis. Ce qui est tout à fait normal puisque c’est là d’où est tiré l’être qui réside au plus profond de moi. Et si c’est ce que je suis. Eh bien ! Je le suis. Un point, c’est tout.
Où vais-je ? Dernière question qui s’est présentée à mon esprit spontanément. Croyez-le ou non, c’est pendant le trajet de mon retour en bus vers Québec, mon chemin de Damas en quelque sorte, que m’est apparue cette révélation : Mon livre m’appartient bel et bien et nul n’a le droit d’y écrire quoi que ce soit, à l’exception de Dieu bien entendu. Ce livre est certes un livre dit “ouvert” puisque, à l’instar de mes pairs, nous sommes interdépendants au sein même de nos existences, que ce soit pour échanger des biens, des services, des idées, et bien d’autres éléments qui prouvent que nos vies sont inter-reliées les unes aux autres, qu’on le veuille ou non.
D’où viens-je ? De loin, et même plus loin que vous pourriez à peine l’imaginer. Qui suis-je ? Un homme qui a fait la paix avec lui-même. Où vais-je ? Ceci dépendra des couleurs avec lesquelles je désire écrire les prochains chapitres de mon livre. Des couleurs qui, je le souhaite de tout mon cœur, proviendront de l’arc-en-ciel. Je vous en souhaite tout autant.