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Otohimé

Otohimé Poème de Rolland Jr St-Gelais Photo par Alain Modèle par Atsuko Poème inspiré de la mythologie nippone

Otohimé

 

Lorsque j’étais enfant,

J’adorais lire des histoires,

De ces récits jusqu’à tard le soir,

De ces légendes sur les mers et sur les océans.

 

Il y en a une parmi celles-ci,

Qui est restée en ma mémoire,

Et qui, parfois, reflète en moi, tel un miroir.

Qui en des temps de solitude me vient à l’esprit.

 

Une déesse vivait jadis dans les profondeurs des eaux,

Ayant pour compagnes de nobles créatures remplies de bonté,

Une d’entre elles fut, par un pêcheur, de son filet, libérée.

Elle s’en alla raconter à Otohimé à propos de ce geste si beau.

 

Sachant cela, Otohimé invita celui-ci dans son palais.

Où il pourrait rester aussi longtemps qu’il le voudra,

Homme modeste, y être pour quelque temps, il accepta.

Car sa femme et ses enfants seuls à ses yeux comptaient.

 

D’une âme si belle en un être humain, Otohimé s’étonna.

Après avoir vécu dans son palais sept jours et sept nuits,

Il demanda à la déesse l’autorisation de retourner chez lui.

Elle lui offrit un cadeau avant qu’en sa maison il retournât

 

« Prends cette boîte mon ami,

Ouvre-là seulement lorsque ton cœur,

Lorsque ton âme sera envahie par la tristesse et la peur,

Dès l’instant que tu l’auras ouverte, loin de toi seront tes soucis. »

 

Après avoir fait ses adieux,

Il monta à bord de son embarcation,

Il navigua vers une ancienne destination,

Une terre qui lui sera étrangère et sous de nouveaux cieux.

 

Aussitôt qu’il a mis les pieds à terre,

Tout lui était étrange, tant les êtres et les lieux.

Qu’était-il donc arrivé à ses amis, les jeunes et les vieux?

Point de quai de pêcheurs en son village devenu maintenant un enfer.

 

Il se demanda où était sa famille,

Qu’étaient devenus son épouse et ses enfants?

Tous le fuyaient en le dévisageant sans ménagement,

Ne savaient-ils pas qu’il avait navigué sans arrêt des milles?

 

Rempli d’une grande tristesse,

Il s’assit avec prudence sur le bord de la grève,

Se souvenant des paroles d’Otohimé comme dans un rêve,

Sortant alors la boîte de son sac avec une minutieuse délicatesse.

 

Il se rappela alors ces belles paroles,

Ouvrir cette boîte lorsque son âme et son cœur,

Tous les deux feront face à la désolation et à la frayeur,

Une fois ouverte, une nuée entoura l’homme telle une auréole.

 

Aux nouvelles télévisées,

On annonça la découverte d’un corps,

Un inconnu qui était depuis longtemps mort,

Fait étrange ! Il portait des vêtements de sept siècles passés.

 

De

 

Rolland Jr St-Gelais

Québec (Québec)

Canada

Mes rêves d’enfant

Mes rêves d’enfant Poème de RollandJr St-Gelais Peinture par Maryse Veysseyre de la France

Mes rêves d’enfant

 

Pas grand-chose à faire

En cette froide après-midi d’hiver

J’ai alors décidé d’ouvrir mon album photo

Afin de me remémorer certains de mes souvenirs les plus beaux

 

Explorant avec minutie chacune des pages

Tel le ferait pour un souverain son fidèle serviteur

Tournant de sa main frêle chaque page avec douceur

Soucieux de voir en lui un être parmi les plus sages

 

J’y ai trouvé une photo d’un vieux souvenir

Un souvenir qui illumina mon visage d’un sourire

Un dessin que j’avais fait pour me rappeler mes rêves

Mais au fait, quels étaient-ils, confié vous ai-je?

 

J’avais pour compagnon un cheval de bois

Sur lequel je me voyais être un cowboy chassant les hors-la-loi

Parcourant les vastes terres d’un continent peuplé de Peaux-Rouges

Où vivaient les bisons broutant l’herbe verte guettant tout ce qui bouge

 

Des feuilles griffonnées de notes d’une chanson maintenant oubliée

Une berceuse que je prenais plaisir à fredonner avec liberté

Un conte que ma mère me lisait en me berçant

Afin de m’endormir dans ses bras tendrement

 

Une boîte à musique d’où sortait un clown pathétique,

Qui jouait d’un instrument venu d’un monde magique,

Une boîte qui contenait une pièce dans laquelle je cachais,

Mes objets précieux, un vieux lacet trouvé et bien d’autres secrets.

 

Et que puis-je dire de mes poupées ?

Avec lesquelles j’ai si souvent joué à la nuit tombée

Mon ourson en peluche et mon drôle d’insecte avec qui je jouais

Pendant que Bécassine, telle une mère, de ses yeux nous surveillait

 

De cette drôle lampe grise à l’abat-jour rose

Sous laquelle j’ai appris à écrire mes premières proses

Lorsque je revenais de l’école communale de mon village

Et dans sa cour jouèrent garçons et filles pas toujours sages

 

De mon ballon jaune et vert avec lequel je me prenais

Pour un célèbre joueur de foot pour qui le monde applaudissait

Jusqu’au jour, bien malgré moi, je devais n’être résignée

Qu’à aucun sport jamais je ne pourrais jouer.

 

Mais mon bien le plus précieux

Celui pour lequel brillèrent mes yeux

Remplis de joie, ils brillèrent de tous leurs feux

En apercevant mon coffre à trésor que je croyais être perdu sous les cieux.

 

Ce coffre dans lequel j’ai mis tous ces objets inestimables

Lorsque mon enfance prit fin en ce temps inoubliable

Entreposé de mes mains tremblantes à la hâte dans le grenier

Alors que ma famille atterrée devait fuir sur les routes encombrées.

 

C’est là que j’ai enfin compris

Dans cette ultime tourmente de la vie

Que de mes rêves d’enfance innocente tout était terminé

Mais que dans mon cœur ils resteront gravés pour l’éternité.

 

De

 

RollandJr St-Gelais

Québec (Québec)

Canada