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L’histoire de vie de Séléné Alsace

Prélude

Bonjour tout le monde,

Voilà quelques jours, j’ai fait une demande spéciale au sein de ma page Facebook et de mon compte DeviantArt afin d’inviter les artistes qui ont contribué à la construction de mon blogue artistique de rédiger un texte sur leurs parcours professionnel et personnel. En effet, j’ai remarqué au fil de mes réflexions qu’il était plutôt rare que je laisse parler lesdits artistes. Certes, leurs œuvres parlent par elles-mêmes de leurs talents et de leur savoir-faire mais ne comblent en aucun cas un grand vide laissé par ces questions légitimes : Qui sont-ils et quels sont leurs chemins? Pourquoi avoir choisi un tel domaine? Bref, leur donner la parole.

Plusieurs artistes ont répondu à ma requête tandis que d’autres ont préféré mettre un voile pudique sur leurs vies. Je respecte le choix des derniers et je remercie les premiers. La liberté de choisir est un droit fondamental à mes yeux. Or, il y a parmi les artistes qui ont acquiescé à ma demande une charmante dame qui a composé un texte si captivant que j’ai choisi de vous le présenter quel tel. C’est pour moi une question de justice à son égard.

RollandJr St-Gelais de Québec au Canada

Séléné Salace 4
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Histoire de vie de Séléné Alsace

J’écris cette histoire suite à l’appel de Rolland St-Gelais pour la simple raison que  je trouve sa démarche intéressante.

Drôle d’impression que celle d’écrire sa propre histoire sur ce sujet. Lorsque je commence à écrire ces quelques lignes, je comprends vite que je vais devoir mettre un peu d’ordre dans mes pensées. J’ai d’un coup tant de choses à dire! 

J’ai depuis toujours admiré les gens qui savaient dessiner, ils me faisaient rêver. J’aurais toujours aimé dessiner mais à chaque fois que j’ai tenté l’expérience, je me sentais trop “cadrée” pour pouvoir m’exprimer et je n’ai pas persévéré dans cette activité. 

Ma vie se résume en un mot : heureuse. Mon parcours professionnel est riche en expériences diverses mais qui n’ont rien à voir avec le domaine artistique. J’ai toujours vécu ma vie à 200% et je l’ai remplie au maximum de mes capacités.

Il y a un peu plus d’un an, j’arrive à un moment de ma vie où j’ai besoin de faire le point, un besoin de m’arrêter et de regarder. J’ai tant de questions que je ne me suis jamais posées. J’ai l’impression que les couleurs du tableau de ma vie se sont mélangées. Je réalise que je me connais mal et je commence une quête sur moi et aussi sur la vie en général, notre perception du monde, de l’autre. Je lis beaucoup et j’ai l’impression d’arriver parfois à m’échapper de mon corps pour prendre de la hauteur, voir sous un angle nouveau. Je découvre des choses que je n’avais jamais vu avant, mon regard change, ma sensibilité aussi, j’apprends la compassion…

Un jour,  je lis un livre illustré par Francesca Volchitza Marta et j’ai le coup de coeur pour ses dessins. Je ressors mes crayons et j’en dessine quelques-uns. Cette fois je continue parce que j’y prends du plaisir et que personne ne m’impose quoi que ce soit. Le thème développé par cet artiste m’inspire beaucoup, elle dessine beaucoup sur le thème de la féminité. J’aime sa façon abstraite de magnifier la femme. Je commence à m’intéresser de plus prêt au rapport au corps, à mon corps et je prends conscience que c’est une partie de moi que je connais mal. Notre culture en a fait abstraction. Seul l’art s’autorise à le traiter comme sujet principal. Il fait pourtant partie de moi depuis si longtemps et je l’ai ignoré, je ressens presque un sentiment de culpabilité envers mon propre corps mais aussi le corps en général.

Séléné Salace 1Pour assouvir ma passion nouvellement découverte pour le dessin, je rassemble des tonnes d’images dont j’aime le style artistique, souvent avec beaucoup de couleurs, souvent des femmes, souvent nus, souvent de l’art abstrait. Je m’intéresse ensuite aux postures, aux courbes, aux corps et je commence à devenir passionnée. Je les regarde, je les observe et je les dessine. Je complète ma galerie par des planches d’anatomie, des croquis, des statues. Je dessine de plus en plus et petit à petit, j’adapte les postures, les ombres…je prends plus de liberté. La peinture devient un plaisir, une sensation et le corps est mon unique sujet. 

Ma peinture dérange. Je me souviens alors que le corps nu est tabou aujourd’hui. Pourtant je ne suis pas prête à renoncer à le dessiner. Pour ne heurter personne et préserver mon entourage, je me construis un univers parallèle dans lequel je laisse exprimer ma sensibilité.

Ma peinture est intuitive, je fais des erreurs, je me trompe, j’essaye encore et parfois j’ai une bonne surprise. Au fil de mes essais et grâce aux échanges avec des artistes et des modèles, mes peintures me ressemblent de plus en plus, les messages et les commentaires m’encouragent à poursuivre mon voyage.

Un jour, j’ai l’occasion de dessiner un modèle masculinSéléné Salace 2 d’après une photo, je dessine depuis, avec autant de plaisir les hommes et les femmes mais je ne peux me résoudre à y rajouter de l’accessoire. Le nu a pour moi une pureté que je n’ai aucune envie de polluer. J’aime capturer l’instant, sans le forcer et j’ai une préférence pour travailler sur le corps dans son intégralité, avec la même importance accordée à chaque détail anatomique, sans que le sexe en soit caché ou bien mis en avant. Un traitement holistique du corps en quelque sorte.

Séléné Salace 3Aujourd’hui j’ai rejoint un atelier de modèle vivant et franchit ainsi, une nouvelle étape dans ma perception du nu. Je dessine parallèlement de plus en plus d’après des photos de modèles avec qui j’ai préalablement échangé, ne serait-ce que quelques mots. J’ai envie d’aller toujours plus loin dans mes peintures, de rendre quelque chose de plus fort. A présent, chacune de mes peintures capture un moment, une soirée, un modèle, mon état d’esprit, toutes racontent une histoire unique. C’est en quelque sorte les rendre vivantes. Je ne peux obtenir ce résultat si je dessine à partir de planches d’anatomie.  Ma peinture devient authentique, elle est mon oeuvre mais aussi celle de mon modèle qui me prête son corps, et ce, même lorsque je dessine d’après une photo et que mon modèle n’est pas physiquement devant moi. J’aime cette collaboration.

Je trouve le corps fondamentalement “beau”, j’aime la diversité des physiques, je peins toujours avec respect et gratitude pour ce corps qui se laisse attraper par mon coup de crayon. Lui qui est d’ordinaire vu, je le regarde maintenant. Le corps d’un modèle et les yeux d’un artiste, sans parole, sans contact, l’essence même de l’échange. Et pourtant il s’en dégage tant de force.

Il n’y a plus de barrières, plus de protections. Devant la confiance en l’artiste, la sensibilité du modèle se dévoile et avec elle, sa vulnérabilité aussi. Le résultat en est une peinture plus profonde qui va au-delà de l’apparence physique. C’est en tous cas ainsi que je ressens le nu artistique et c’est ainsi que je souhaite le vivre. Je ne saurai choisir entre le corps et la peinture, j’aime autant l’un que l’autre. 

La particularité de mes peintures est de ne pas représenter les détails du visage. Les principales raisons en sont la complexité d’une part et le souhait de certains modèles de garder l’anonymat d’autre part. Mais aussi et surtout parce que mes dessins représentent tous une part divine et sans représentation du visage, chacun pourra plus facilement se reconnaître en eux !

Séléné Alsace

Dessins gracieusement offerts par Séléné Alsace

En ordre d’apparition :

La première : « Voyage au cœur de soi – Peinture à l’huile – Modèle Nicolas TheJasmin Maudaile merci pour ta collaboration. »

la seconde : « Avance vers demain – Peinture à l’huile sur tons bleus de cobalt – Merci à mon modèle pour sa collaboration « 

La troisième :  » La vent se lève – Peinture à l’huile sur tons gris – Autoportrait »