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En noir et blanc

En noir et blanc Poème de Rolland Jr St-Gelais Photo tirée de la collection de CheyenneSpirit Source : https://www.deviantart.com/cheyennespirit/art/RetroAtelier-540-1-996884358

En noir et blanc

 

En ce vendredi de novembre,

Alors que, par le froid, tout tremble,

J’ai reçu un appel téléphonique bien étrange.

« Pourriez-vous venir à mon logis ? » me dit une voix d’ange.

 

Elle m’avisa que sa sœur et elle désiraient immortaliser leurs retrouvailles.

Je lui ai promis que ce sera avec grand plaisir que je ferai un tel travail.

Comment aurais-je pu refuser, à deux dames, une pareille opportunité ?

Alors que nous vivons, en telle saison, une si morose journée.

 

Griffonnant à la hâte sur un vieux bout de papier leurs coordonnées.

Sans oublier l’heure de l’audience afin de tout possible retard éviter.

Je l’ai assurée de ma présence avec ma caméra telle une colombe.

En souhaitant de tout mon cœur que cette expérience les comble.

 

Après avoir vaqué à mes occupations habituelles,

Et avoir pris un léger souper à la lueur d’une chandelle,

Je me suis préparé pour une séance qui sera gravée dans ma mémoire.

Laissez-moi vous raconter en mes mots cette drôle d’histoire.

 

Aussitôt que je suis arrivé devant une porte de bois sentant le brûlé.

Trois puissants coups, avec un heurtoir de tête de bouc, j’ai frappé.

Deux femmes à l’allure mystérieuse m’accueillirent avec le sourire.

Elles possédaient une élégance que je ne saurais vous décrire.

 

Elles m’ont demandé avec ardeur d’entrer en leur maison se révélant d’une autre ère.

Elles me relatèrent avec sérieux qu’elles se sont perdues de vue depuis naguère.

Mais, après maints efforts de part et d’autre, elles ont réussi à se retrouver.

Elles m’ont promis un cachet qui me surprendra à la fin de cette soirée.

 

À mon étonnement, elles avaient préparé avec brio un superbe décor.

Un ornement si radieux qu’il s’harmonisait si bien avec leurs corps !

Croyez-moi ! Je ne me rappelle pas le nombre de clichés que j’ai réalisé.

J’avoue que chaque fois, j’étais ébahi, avec raison, par leur insolite beauté.

 

Deux demoiselles au physique parfait exhibant leurs seins !

Qu’en imagination, je rêvais de les caresser à pleines mains !

Mais, par souci professionnel, je prenais garde à mes actions.

De nos jours, il suffit de si peu pour détruire une formidable réputation.

 

Une fois que la session fut bel et bien terminée,

L’une d’elles me tendit une légère enveloppe scellée.

Elle m’ordonna d’attendre au lever du soleil pour l’ouvrir.

Une telle requête, avouons-le, a quelque chose à faire sourire.

 

Je n’ai pu qu’accepter cette offre fortuite sans discuter.

J’ai quitté ce lieu avec la satisfaction d’avoir bien travaillé.

Le principal n’est-il pas de faire la connaissance de modèles ?

Puisque mes expériences en ce domaine rendent ma vie si belle.

 

Je n’ai pas été capable de fermer l’œil de la nuit.

Tellement de questions sur cette soirée m’avaient envahi.

Puis, vint l’heure tant attendue à laquelle j’allais découvrir le contenu.

De mon travail, un tel montant écrit sur un chèque, je n’avais jamais eu.

 

Il était suivi d’une publication d’un quotidien local aujourd’hui disparu.

On y relate le décès de jumelles étant trépassées dans les flammes nues.

Il s’agissait bien de ces deux comparses que j’avais tout juste photographiées.

Voilà pourquoi les épreuves étaient en noir et blanc une fois développées.

 

De

 

Rolland Jr St-Gelais

Québec (Québec)

Canada

Sourire charmant

Sourire charmant Poème de Rolland Jr St-Gelais Photo par G.B. de l’Allemagne Modèle : Marmor Source : https://www.deviantart.com/gb62da/art/Charming-smile-967393366

Sourire charmant

 

Par une journée du début d’été,

Une jolie dame est venue en ma maison, pour poser.

Je crois, par son accent, qu’elle était d’origine allemande.

Quoi qu’il en soit, je lui ai offert dès son arrivée une boisson aux amandes.

 

Elle possédait un petit quelque chose qui me plaisait bien.

Un visage angélique, des yeux bleus, un sourire radieux et un corps divin !

Tout ce que mère nature a fait de plus sublime en ce monde se trouvait là.

Elle était fraîche telle une rose, jolie comme princesse et se tenait devant moi.

 

Après quelques paroles et conseils échangés en pareilles circonstances,

Nous nous sommes entendus avec entrain pour réaliser une belle séance.

Je lui ai montré la pièce dans laquelle elle pourra se changer en toute sécurité.

N’oublions pas que la civilité est une denrée rare en cette société.

 

Après s’être préparée selon son légitime désir,

Elle se plaça sur le tabouret noir avec un malin sourire.

Elle tenait sur le devant de ses cuisses un drap de couleur corail.

Pendant que je m’occupais de mon appareil-photo, mon outil de travail.

 

Elle s’est assise bien confortablement,

Alors qu’elle entrouvrait ses jambes lentement.

Elle m’offrit, sans m’y attendre, une surprenante prise de vue.

Moi qui, dans ce domaine de prédilection, croyais avoir tout vu.

 

Elle avait une peau blanche tel un lait pur sorti tout droit des mamelles.

Son regard était éblouissant comme la flamme d’une chandelle.

Toutefois, ce qui a retenu mon attention était un élément fort étonnant.

À dire vrai, il n’y avait pas que son sourire qui était si charmant.

 

Par respect envers mon ordre professionnel,

Elle me paraissait aussi fragile qu’une tourterelle.

Je reconnais ma surprise d’une présentation si inattendue.

Elle m’a fait franchir les portes du septième ciel jusqu’aux nues.

 

De

 

Rolland Jr St-Gelais

Québec (Québec)

Canada

Le café est servi

Le café est servi Poème de Rolland Jr St-Gelais Photo tirée de la collection de Appetitive-Soul Source : https://www.deviantart.com/appetitive-soul/art/Download-966727255

Le café est servi.

 

Le café est servi.

J’espère qu’il te plaira.

Tu trouveras qu’il goûte l’arabica.

Je l’ai fait avec tout mon amour, ma jolie.

 

Il te réchauffera en ce matin un peu frais.

Il mettra en ton corps engourdi un doux entrain.

Il est sur la table recouverte d’une nappe en satin.

Je crois qu’il sera, en toute modestie, parfait.


Il a l’odeur sucrée du chocolat noir.

Ce qui convient avec la couleur de ta peau.

Légèrement basanée ! Ce qui est, à mes yeux, si beau.

Tu es digne de figurer sur un tableau de Renoir.

 

Te voir le savourer est un véritable plaisir.

Une ferveur à laquelle je ne saurai guère m’en passer.

Serait-ce parce que de toi, je suis épris d’une passion échevelée ?

Même si je crois qu’aussitôt que tu seras désaltérée, tu devras partir.


Je t’ai longuement regardé, dans un silence monastique, dormir.

Je m’étais, en glissant mes pieds sur le parquet, dirigé vers mon sofa.

La lueur d’une chandelle, de sa douceur, en ce lieu, elle l’enveloppa.

Je pensais à l’instant où tu irais trouver ton époux et cela me faisait souffrir.


Ces mots incrustés dans ce poème sont prononcés dans la geôle de mon cœur.

Car, fait étrange, il m’a été interdit d’exprimer la profondeur de mes émotions.

Ce qui semblerait normal en cette ère où le malheur est à l’âme qui naît garçon.

Mais, je reconnais que la luxure et l’adultère sont de loin de véritables passions.

 

Allez ! Termine ton café et va trouver celui à qui tu as, un jour, juré, fidélité.

Mais, n’oublie pas que ma porte sera ouverte afin de passer une nuit ensemble.

Nous sommes des adultes et nous pouvons ainsi agir, comme bon nous semble.

Notre indéfectible amour devra demeurer secret dès à présent et pour l’éternité.

 

Ce café scellera à jamais nos émotions que nous éprouverons.

Il a la couleur ébène de l’exotisme et la suavité de l’érotisme.

Sa saveur me rappelle la splendide époque du romantisme.

Là où les sentiments avaient la primauté sur la raison.

 

De

 

Rolland Jr St-Gelais

Québec (Québec)

Canada

Je peux enfin avouer

Je peux enfin avouer Poème de Rolland Jr St-Gelais Photo tirée de la collection de Appetitive-Soul Source : https://www.deviantart.com/appetitive-soul/art/B-294a-965634857

Je peux enfin avouer

 

Que c’était la belle époque, le bon temps !

Quand toi et moi, nous nous amusions allègrement.

Alors que nos parents pensèrent que nous étions avec des copains.

Nous ne savions que faire de leurs sermons qui rythmèrent tels des refrains.

 

Nous allions louer une chambre dans un hôtel.

Et nous nous déshabillions à la lueur d’une chandelle.

Tu me disais des mots d’amour qui seront gravés pour toujours,

Dans mon cœur et dans mon âme, et ce, jusqu’à la fin de mes jours.

 

J’admirais la splendeur de tes yeux sans prononcer une seule parole.

J’entendais ta respiration haleter de désir inavouable qui me rendait folle.

Comme j’aurais voulu que cette superbe journée ait été sans fin.

Nos sentiments intimes parlèrent par la tendresse de nos mains.

 

Nous partagions tous nos secrets, nos rêves et nos projets d’avenir.

Même si, parfois, devant tant d’utopie, cela nous faisait bien rire.

Les secondes, les heures, les mois et les années sont passés à la vitesse de l’éclair.

Nous nous sommes séparées pour prendre époux. Moi, Paul et toi, Pierre.

 

Devant l’inévitable, nous devions satisfaire un monde totalement fou.

Face aux préjugés, à la servitude de la religion, nous devions filer doux.

Tu as fondé, à ce que j’ai appris, une famille nombreuse et heureuse.

Pour ma part, j’ai fait mon possible pour rester tout à fait silencieuse.

 

Je me suis mariée devant l’autel, bien que mon cœur fût à toi.

J’avais juré de tout cacher de mes souvenirs pour l’honneur de mon toit.

Je revoyais en mon esprit ton visage quand j’accomplissais mon devoir conjugal.

Adultère en pensées et non pas de corps ! Voilà la seule chose que j’ai faite de mal.

 

Maintenant que je suis atteinte d’une maladie à la fois rare et incurable,

Ne pas t’en être informée, j’en aurais simplement été incapable.

Je t’écris ces mots pour te rappeler à tel point pour moi, tu comptais.

Je peux enfin avouer avant de quitter cette vie comme je t’aimais.

 

De

 

Rolland Jr St-Gelais

Québec (Québec)

Canada

Les mains jointes

Les mains jointes Poème de Rolland Jr St-Gelais Dessin par Eri Kel de la France

 

Les mains jointes

 

Elle priait en silence,

En songeant à son innocence,

À jamais perdue par une nuit d’été,

Où elle et son amant se sont tant enlacés.

 

Elle ressentait ses tendres et doux baisers,

Lesquels resteront à tout jamais dans ses pensées,

Le temps a beau filer à toute allure comme le sable.

L’oublier, elle en est pour toujours incapable.

 

De ce souvenir de jadis, d’antan !

De ce si précieux, mais lointain temps,

Une période remplie de pur bonheur.

Ranimé en finesse en cette heure.

 

À quoi bon se rappeler ces extraordinaires moments ?

Si c’est que pour souffrir encore plus interminablement.

Des projets jamais accomplis, des promesses non tenues !

Une vie de rêve qu’elle aurait tellement aimé avoir vécu.

 

Était-ce trop demandé à la destinée ?

Pour lui, elle aurait tout laissé, tout quitté.

C’était trop beau pour être vrai, être réalisable.

Maintenant, devant les faits, elle se sent un peu coupable.

 

Une erreur de jeunesse peut ternir pour toujours la vieillesse.

Des instants de joie peuvent faire place à la tristesse.

Mais, à quoi bon de regretter les actions de son passé ?

Il faut savoir, les pages sombres de notre vie, les tourner.

 

Elle était là, les mains jointes, semblable à une statue.

Telle une chandelle, elle se tenait droite, fière et nue.

Retenant de toutes ses forces ses chaudes larmes,

Immobile et impassible, malgré la mort à l’âme.

 

De

 

Rolland Jr St-Gelais

Québec (Québec)

Canada