Un simple sourire aurait suffi
Je me souviens d’un tramway,
Que chaque jour, je prenais.
Pour aller à mon boulot,
Le matin assez tôt.
Un jour, j’y ai vu un vieillard.
Un homme au visage ravagé par la misère,
Qui avait jadis tant aimé père et mère et ses frères,
Des êtres qui lui étaient chers lentement effacés de sa mémoire.
Il ne disait point un mot et ne dérangeait pas trop,
Assis bien sagement, il regardait les gens de ses yeux si beaux.
Cherchant quelqu’un avec qui échanger sans vouloir l’importuner,
Il offrit son sourire à l’âme qui le lui aurait rendu avec bonté.
Il n’a jamais demandé la charité,
Même s’il vivait dans une grande précarité.
Les gens, à ses sourires, répondirent avec indifférence.
Voilà l’un de mes plus vieux souvenirs de ma belle France.
Les jours, les semaines, les mois et les années
Sans répit, ni relâche, ont inlassablement passé.
Et puis, un jour, sans crier gare, il a subitement disparu.
C’est en lisant le journal du soir qu’une photo de lui, j’ai vue.
Dans la rubrique de la nécrologie,
Homme qui avait combattu pour la mère-patrie,
Homme qui pour son courage avait été maintes fois décoré,
Mais que ses souffrances lui avaient enlevé la possibilité de parler.
Je me souviens par un matin où j’allais travailler,
Il m’avait fait un sourire avec ses yeux émerveillés,
Un sourire que malheureusement je ne lui ai pas rendu,
Croyez-moi les amis ! Comme en cet instant je m’en suis voulu.
De