Bonsoir mademoiselle, Devrais-je plutôt dire jolie tourterelle? Car tu me fais penser aux oiseaux du printemps, Qui nous ont quitté en ce début d’automne fort malheureusement.
Sincèrement, je te remercie, D’avoir répondu gentiment à ma petite réclame, Car cette soirée s’annonçait pour moi seul beaucoup trop calme, Où avais-je donc la tête? Entre et prend une place, je t’en prie.
Comme tu dois t’en douter, Toi et moi sommes là pour travailler, Tu seras ma modèle nue immortaliser sur une toile, Quelle belle séance nous aurons en cette nuit aux milles étoiles.
Mais, je te promets que tu n’as rien à craindre de moi. Tout ce que je désire, c’est d’avoir un doux souvenir de toi. Un souvenir qui me redonnera enfin confiance en mon talent, Car mes doigts fatigués commencent à me faire douter depuis longtemps.
Allez ! Déshabille-toi ! Fais comme si je n’existais pas. Et pour ton confort, je t’ai préparée une chaise qui est juste là. Choisis la pose que tu désires de tout ton cœur pour perpétuer à la postérité, Comme si de leurs yeux, gens du futur, verront que de toi en amour je suis tombée.
Si je me rappelle bien, c’est la première fois. Qu’être entièrement nue devant un étranger tu seras? Allons n’aie pas peur, j’en ai vu bien d’autres, sûrement tu le sais. J’en ai rencontrées de tous les styles aux plus vivantes jusqu’aux plus hébétées.
Alors, qu’attends-tu ? Allez, mets-toi nue. Afin que je puisse admirer la beauté de ton corps d’ébène, Que derrière mon chevalet je puisse imaginer la chaleur de tes veines, Mais, avant de réaliser mon œuvre, dis-moi : Être nue, vraiment le veux-tu?
« Je marche dans la nuit » Photo par G.B. d’Allemagne
Je marche dans la nuit
Je marche dans la nuit, J’y vois tout ce qui y vit, Des êtres des plus étranges, Parfois démons, parfois des anges.
Dans la fraîcheur de cette belle nuit d’été, J’aperçois comme les hommes sont désespérés, Cherchant un amour illusoire dans les bras d’inconnues, Pour un peu d’argent en échange de bon temps très vite perdu.
D’autrefois, j’y découvres des femmes égarées dans leurs rêves brisés. Des rêves de jeunes filles par la vie maintes fois désabusées, Des rêves d’adolescentes aux corps et à l’esprit fragilisés, Par des promesses aussi vite dites, aussi vite oubliées.
Je marche en silence pour ne point déranger, Ces amants qui pour instant font semblant de s’aimer. Pour ceux qui croient en l’amour même pour les désillusionés, Pour ceux qui dans le confort de leurs lits dorment à poings fermés.
Je marche pieds nus et le coeur léger, Je marche avec grâce et les épaules dénudés, Je marche en regardant droit devant moi jambes croisées, Je marche vers celui qui saura d’un coeur sincère ma beauté apprécier.
Pendant mon voyage, Alors que j’avançais en âge, Une période de joie et de bonheur, Tu avais choisi ce moment comme ton heure.
Dans le silence d’une nuit, Tu as décidé de laisser ainsi la vie, Sans faire de bruit tu as quitté cette terre, Pour aller rejoindre celle de tes sœurs et frères.
Me laissant avec mes souvenirs, Ceux qui me réconfortent et me font sourire, De ce temps où tu étais légère comme une plume, De ce temps qui disparaît de ma mémoire telle une brume.
Avec les journées qui ont passées, Tu es devenue belle chatte apprivoisée, Que j’aimais caresser avec mes mains imaginaires, En écoutant ton ronronnement qui égaya les tristes soirs d’hiver.
De tes espiègleries bien innocentes, Qui me récomfortaient de mes moments de solitude, Durant les temps où mes amours ressemblèrent à des femmes si prudes, Et que les jours passèrent dans des douleurs si accablantes et lancinantes.
Installée avec confort près de moi, Je te flattais avec la douceur d’un noble roi, Te prenant parfois dans mes bras l’espace d’un court instant, En respectant ton désir légitime de ne point être trop insistant.
Puis vient le temps de nos étés, De ces rares périodes de grandes festivités, J’y allais avec plaisir mais comme de raison avec précaution, De voir à tes besoins comme il se doit avec attention.
Car jamais il n’aurait été question d’oublier, Toutes ces simples promesses auxquelles à toi j’étais lié. De voir en tout temps à ton bien-être sans omettre de te choyer, Ce que je fis avec amour à chaque jour où tu étais avec moi mon adorée.
Maintenant que tu n’es plus en ce monde, Ni en mon cœur blessé et qui s’effondre, Tu es partie sans me dire au revoir, Alors que je te revenais au soir.
Sur la route du retour comme le voulait mon destin, J’ai ressenti sur le pavé chaotique cet ultime chagrin, Celui, ô combien cruel, ne pas t’avoir dit comme je t’aimais, Et sache Dame Plume qu’au plus profond de moi je ne t’oublierai jamais.
« Bien assise » « Bien assise ? Confort assuré, oeuvre bien réalisé. » Par François S. Modèle : Anna-Luisa Un véritable chef-d’oeuvre Chef-d’oeuvre qui me fait plaisir de partager avec vous. RollandJr St-Gelais de Québec