Archive | 30 juillet 2018

Avant que viennent les rayons du matin

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Avec la permission spéciale de Alice F.

Avant que viennent les rayons du matin

 

Maintenant, que la nuit est tombée.

Et que tu te sens si fatiguée, si épuisée.

Ce qui n’enlève rien à ta beauté et à ta sensibilité,

Car ton âme a su absorber de ce monde sa méchanceté.

 

Ce que tu es superbe en ce moment,

Quand je te vois t’approcher de moi doucement,

Et moi je ne dis point un mot pour calmer tes douleurs,

Car c’est dans le silence que se trouve remède de grande valeur.

 

Avec des pas de velours tu glisses sur le plancher,

Et de la douceur de mes lèvres, tu veux ta soif étancher.

Je ne sais que dire en vivant avec toi ce rêve éveillé,

De grande crainte de subitement me réveiller.

 

Oui, si tu le veux vraiment, je serai à toi.

Oui, si tu le désires, avec toi tu seras en moi.

De corps et d’esprit libres nous serons enfin unis,

Et j’extirperai de toi tout ce qui te fait souffrir et te détruit.

 

Je ne veux qu’une chose: te tendre ma main.

Celle de mon coeur car celles de mon corps sont disparues,

À tout jamais dans le néant bien avant en ce monde ma venue,

Prends-la, je t’en supplies. Avant que viennent les rayons du matin.

 

De

 

Rolland St-Gelais

Québec (Québec)

Canada

J’ai la mine… graphite.

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Dessin par Eri Kel de la France

J’ai la mine… graphite.

 

À un âge vénérable,

Où l’on se sent moins capable,

Où notre mémoire nous joue des tours,

Et où nos sens nous font emprunter mille détours.

 

Revoyant le sourire de ma mère,

Lorsque je n’étais qu’une enfant de la guerre,

Devenue mère moi aussi j’ai souries à mes enfants,

Dès que je les ai pris dans mes bras et au gré du temps.

 

Je les ai vus longtemps grandir,

Je les ai vus tant aimer et tant souffrir,

Telle est l’ultime destinée du genre humain,

Avec ou sans terre, avec parfois les jours sans lendemain.

 

Prendre époux et conjointes,

Ce que j’ai prié Dieu les maintes jointes,

Pour que mes enfants chéris aient du meilleur,

En leur évitant le pire pour leur plus grand bonheur.

 

Quelle joie incommensurable !

De vous exprimer, j’en suis bien incapable.

Que mon cœur ait vécu d’avoir tenu dans mes bras,

La descendance que mes fils et filles m’offrirent ici-bas.

 

Mais quel chagrin émergea au sein de mon cœur,

Lorsque je réalisa l’absence de mon mari à ces heures.

Sachant à tel point qu’il aurait tant souhaité et tant voulu,

Tenir dans ses bras sa descendance avant le jour où il mourut.

 

Ce jour du mois de mai si triste et tellement inoubliable,

Où sa vie fut emportée par un coup du destin impardonnable.

Croyez-moi! La tragédie d’être une mère n’est point un mythe,

Voilà pourquoi, et malgré moi, en cet instant j’ai la mine graphite.

 

De

 

Rolland St-Gelais

Québec (Québec)

Canada