
Dessin par Eri Kel de la France
J’ai la mine… graphite.
À un âge vénérable,
Où l’on se sent moins capable,
Où notre mémoire nous joue des tours,
Et où nos sens nous font emprunter mille détours.
Revoyant le sourire de ma mère,
Lorsque je n’étais qu’une enfant de la guerre,
Devenue mère moi aussi j’ai souries à mes enfants,
Dès que je les ai pris dans mes bras et au gré du temps.
Je les ai vus longtemps grandir,
Je les ai vus tant aimer et tant souffrir,
Telle est l’ultime destinée du genre humain,
Avec ou sans terre, avec parfois les jours sans lendemain.
Prendre époux et conjointes,
Ce que j’ai prié Dieu les maintes jointes,
Pour que mes enfants chéris aient du meilleur,
En leur évitant le pire pour leur plus grand bonheur.
Quelle joie incommensurable !
De vous exprimer, j’en suis bien incapable.
Que mon cœur ait vécu d’avoir tenu dans mes bras,
La descendance que mes fils et filles m’offrirent ici-bas.
Mais quel chagrin émergea au sein de mon cœur,
Lorsque je réalisa l’absence de mon mari à ces heures.
Sachant à tel point qu’il aurait tant souhaité et tant voulu,
Tenir dans ses bras sa descendance avant le jour où il mourut.
Ce jour du mois de mai si triste et tellement inoubliable,
Où sa vie fut emportée par un coup du destin impardonnable.
Croyez-moi! La tragédie d’être une mère n’est point un mythe,
Voilà pourquoi, et malgré moi, en cet instant j’ai la mine graphite.
De