Avec la bénédiction de Sophie Durocher

Bonjour tout le monde,

Il me fait plaisir de partager avec vous un article paru dans l’un des plus grands quotidiens du Québec concernant les propos de la chroniqueuse Sophie Durocher. Toutefois, j’ai cru bon de retransmettre la totalité de mon email que je lui ai fait parvenir aujourd’hui même afin de lui demander l’autorisation de publier au sein de mon blogue artistique l’intégralité de ses propos. Elle a eu l’amabilité d’accepter ma requête. Je lui en serai toujours reconnaissant.

Madame Durocher,

C’est toujours avec plaisir que je lis le plus régulièrement possible votre chronique dans le Journal de Québec et force est d’admettre que vous avez entièrement raison concernant votre dernier texte sur l’influence plus que néfaste des mouvements religieux extrémistes, en l’occurrence l’Islam radical, dans différentes sphères d’activités au sein de notre société. Tout comme vous, j’adore le nu artistique en y incluant ce qui peut être choquant à première vue. D’ailleurs, le domaine artistique est le milieu par excellence de la provocation.

Je suis moi-même l‘un des rares modèles nus vivant avec un handicap physique dit apparent, situation causée par la thalidomide, au Canada. Croyez-moi! J’ai affronté en maintes occasions des murs lors de mes débuts en ce domaine. Pourtant, j’ai réussi à faire mes preuves et à devenir un modèle nu très respecté non seulement au Québec mais aussi outre-frontière dans un domaine, avouons-le, quelque peu spécial. Oui, je suis fier de mon physique lequel possède une histoire qui lui est bien particulière, vous ne pouvez pas vous l’imaginer jusqu’à tel point. Oui, je suis fier de ma masculinité alors que pendant très longtemps, l’image de l’homme vivant avec un handicap physique était perçue comme angélique. Qui dit ange, qui asexuel! C’est souvent encore le lot pour bien des hommes et des femmes vivant avec un handicap physique de nos jours.

Ce qui est loin d’être mon cas. Qui plus est! J’assume pleinement ma masculinité et ma virilité lors des séances de nu auxquelles je participe. Cela fait maintenant plus de quatre ans que je pose nu pour des artistes tant professionnels qu’amateurs ou bien pour des écoles d’art tant à Québec, mon lieu de résidence, qu’à Montréal et même en différents endroits dans la province. (Je serai bientôt à Grand-Mère pour une séance devant plus de 25 participants-es.) Jamais il ne m’est venu l’idée de soustraire mes parties intimes de la vue des participants-es présents-es durant les séances. Toutefois, je crains qu’effectivement la pudibonderie revient en force dans notre société et ce, sous l’influence plus que considérable des mouvements religieux radicaux.

Merci infiniment pour votre excellent texte que j’ai vraiment aimé lire. Ceci écrit, me donnez-vous la permission de publier votre texte au sein de mon blogue artistique dédié à ma passion en tant que modèle nu, à la poésie et à la photographie? Je respecterai votre décision advenant un refus de votre part.

Portez-vous bien!

RollandJr St-Gelais

Québec (Québec)

Canada

Et voici sa réponse:

Bonjour.

Vous avez ma bénédiction.

Merci de votre témoignage et bonne route.

Sd

Voici donc le texte en question:

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Cachez ce pénis que je ne saurais voir

Êtes-vous allé voir l’exposition consacrée au photographe Robert Mapplethorpe au Musée des beaux-arts?

On y voit des photos superbes de fleurs, des portraits de Richard Gere­­ ou Patti Smith, mais aussi des nus… assez crus.

Dans une section X, pour adultes avertis, on peut voir un poing rentré dans un orifice, des scènes sado-maso ou une scène d’urophagie (vous irez voir dans le dictionnaire pour la définition).

Je suis très contente que l’on montre librement ces œuvres, parfois dérangeantes. Mais je me demande combien de temps encore on va pouvoir montrer ce type d’œuvres sans qu’elles soient censurées… pour des raisons religieuses.

UNE BURQA SUR L’ART

Au moment même où l’expo Mapplethorpe rassemble les foules au MBA, à Québec se tiennent­­ les audiences au sujet du projet de loi 62 sur la neutralité religieuse.

C’est l’occasion d’apprendre ce qui se passe en douce au Québec­­.

Catherine Harel-Bourdon, présidente de la Commission scolaire de Montréal, a relaté à La Presse différents accommodements exigés dans les écoles.

«Il est arrivé que des parents refusent­­ que leur enfant suive le cours de musique, pour un motif religieux. Certaines sorties au musée sont aussi parfois problématiques­­».

«Comment tranchez-vous quand il s’agit de cours de musique ou de sorties au musée?», lui demande la journaliste.

«Au musée, en faisant en sorte que le travail demandé ne porte pas sur un nu, par exemple.»

Je n’en reviens pas que cette information n’ait pas provoqué plus de réactions! On va escamoter tout un pan de l’histoire de l’art parce que ça fait de la peine à des ultra-religieux qui capotent quand une femme montre ses épaules?

On s’entend que certaines des plus belles œuvres d’art représentent des nus, que ce soit la Vénus de Milo ou le David de Michel-Ange.

On s’entend: je n’ai pas emmené mon fils de huit ans voir des photos de Mapplethorpe avec de gros plans de pénis en érection.

Mais je serais furieuse d’apprendre qu’à l’occasion d’une sortie scolaire­­, on évite les salles où l’on expose des seins en marbre, des ventres peints par Matisse ou des pénis sculptés par Rodin.

DE L’ART OBSCÈNE ?

Dans l’expo du MBA, une salle est consacrée au procès pour «obscénité» intenté contre le Musée d’art contemporain de Cincinnati, à cause­­ d’une expo consacrée à Mapplethorpe. C’était en 1990.

En 26 ans, on a fait du chemin puisque, à Montréal, personne ne s’évanouit en voyant des pénis en érection photographiés en gros plan.

Robert Mapplethorpe disait: «J’ai essayé de juxtaposer une fleur, puis une photo de sexe, puis un portrait, de façon à ce qu’on puisse voir qu’il s’agit de la même chose».

J’ai peur qu’un jour, à force de vouloir faire plaisir à tout le monde, à force de s’écraser devant les bigots religieux, on en finisse par oublier à quel point le corps humain est une splendeur.

Je n’ai pas envie que les nus du MBA soient cachés sous une burqa.

Sophie Durocher

 

 

 

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