Un de ces jours
Dis-moi mon ami,
Pour qui ton cœur est-il épris?
Qui est celle que tu appelles ta douce moitié?
Vit-elle en ce pays enneigé ou bien en une autre contrée?
Connais-tu l’ennui?
Sur cette vaste pleine où le soleil reluit,
Aimerais-tu gambader sur les champs verts,
Loin de ce vent froid qui te mord en cet hiver?
Dis-moi simplement,
Toi à qui l’on ment impunément,
Aimerais-tu connaître cette grande liberté,
À laquelle on t’a privée depuis le jour où tu es né?
Ami tout vêtu de blanc,
Ami de ce magnifique Jour de l’An,
Je suis venu te dire un chaleureux bonjour,
Et, qui sait?, nous nous reverrons un de ces jours.
De
De quelle couleur était le cheval blanc d’Henri IV…oui ton texte en repose bien la question avec cette photo…le noir est peut-etre mis en blanc…
Blanc cheval ou cheval blanc? Question inutile devant tant de beauté et tant de force.
Merci pour votre commentaire.
L’essence ciel Rolland, c’est que dans cet univers menteur, notre beau cheval garde sa blancheur d’âme quelque soit la couleur de sa robe.
Amitiés.
Alain
Blancheur d’âme est ce que j’ai voulu transposer dans ce poème dédié à la noblesse du cheval. Quelle destiné auraient connue les hommes n’eût été l’apport plus que considérable du cheval au sein de l’histoire? Excellente question.
Etant Sagittaire, donc mi-cheval, mi-homme ce n’est pas moi qui vais te contredire Rolland !
L’homme et le cheval, une grande histoire d’amitié et d’amour et que dire de la fidélité de l’anmal envers l’homme.
Belle journée à vous
Merci beaucoup pour votre commentaire.
LE CHEVAL
Je l’avais saisi par la bride ;
Je tirais, les poings dans les noeuds,
Ayant dans les sourcils la ride
De cet effort vertigineux.
C’était le grand cheval de gloire,
Né de la mer comme Astarté,
À qui l’aurore donne à boire
Dans les urnes de la clarté ;
L’alérion aux bonds sublimes,
Qui se cabre, immense, indompté,
Plein du hennissement des cimes,
Dans la bleue immortalité.
Tout génie, élevant sa coupe,
Dressant sa torche, au fond des cieux,
Superbe, a passé sur la croupe
De ce monstre mystérieux.
Les poètes et les prophètes,
Ô terre, tu les reconnais
Aux brûlures que leur ont faites
Les étoiles de son harnais.
Il souffle l’ode, l’épopée,
Le drame, les puissants effrois,
Hors des fourreaux les coups d’épée,
Les forfaits hors du coeur des rois.
Père de la source sereine,
Il fait du rocher ténébreux
Jaillir pour les Grecs Hippocrène
Et Raphidim pour les Hébreux.
Il traverse l’Apocalypse ;
Pâle, il a la mort sur son dos.
Sa grande aile brumeuse éclipse
La lune devant Ténédos.
Le cri d’Amos, l’humeur d’Achille
Gonfle sa narine et lui sied ;
La mesure du vers d’Eschyle,
C’est le battement de son pied.
Sur le fruit mort il penche l’arbre,
Les mères sur l’enfant tombé ;
Lugubre, il fait Rachel de marbre,
Il fait de pierre Niobé.
Quand il part, l’idée est sa cible ;
Quand il se dresse, crins au vent,
L’ouverture de l’impossible
Luit sous ses deux pieds de devant.
Il défie Éclair à la course ;
Il a le Pinde, il aime Endor ;
Fauve, il pourrait relayer l’Ourse
Qui traîne le Chariot d’or.
Il plonge au noir zénith ; il joue
Avec tout ce qu’on peut oser ;
Le zodiaque, énorme roue,
A failli parfois l’écraser.
Dieu fit le gouffre à son usage.
Il lui faut les cieux non frayés,
L’essor fou, l’ombre, et le passage
Au-dessus des pics foudroyés.
Dans les vastes brumes funèbres
Il vole, il plane ; il a l’amour
De se ruer dans les ténèbres
Jusqu’à ce qu’il trouve le jour.
Sa prunelle sauvage et forte
Fixe sur l’homme, atome nu,
L’effrayant regard qu’on rapporte
De ces courses dans l’inconnu.
Il n’est docile, il n’est propice
Qu’à celui qui, la lyre en main,
Le pousse dans le précipice,
Au-delà de l’esprit humain.
Son écurie, où vit la fée,
Veut un divin palefrenier ;
Le premier s’appelait Orphée ;
Et le dernier, André Chénier.
Il domine notre âme entière ;
Ézéchiel sous le palmier
L’attend, et c’est dans sa litière
Que Job prend son tas de fumier.
Malheur à celui qu’il étonne
Ou qui veut jouer avec lui !
Il ressemble au couchant d’automne
Dans son inexorable ennui.
Plus d’un sur son dos se déforme ;
Il hait le joug et le collier ;
Sa fonction est d’être énorme
Sans s’occuper du cavalier.
Sans patience et sans clémence,
Il laisse, en son vol effréné,
Derrière sa ruade immense
Malebranche désarçonné.
Son flanc ruisselant d’étincelles
Porte le reste du lien
Qu’ont tâché de lui mettre aux ailes
Despréaux et Quintilien.
Pensif, j’entraînais loin des crimes,
Des dieux, des rois, de la douleur,
Ce sombre cheval des abîmes
Vers le pré de l’idylle en fleur.
Je le tirais vers la prairie
Où l’aube, qui vient s’y poser,
Fait naître l’églogue attendrie
Entre le rire et le baiser.
C’est là que croît, dans la ravine
Où fuit Plaute, où Racan se plaît,
L’épigramme, cette aubépine,
Et ce trèfle, le triolet.
C’est là que l’abbé Chaulieu prêche,
Et que verdit sous les buissons
Toute cette herbe tendre et fraîche
Où Segrais cueille ses chansons.
Le cheval luttait ; ses prunelles,
Comme le glaive et l’yatagan,
Brillaient ; il secouait ses ailes
Avec des souffles d’ouragan.
Il voulait retourner au gouffre ;
Il reculait, prodigieux,
Ayant dans ses naseaux le soufre
Et l’âme du monde en ses yeux.
Il hennissait vers l’invisible ;
Il appelait l’ombre au secours ;
À ses appels le ciel terrible
Remuait des tonnerres sourds.
Les bacchantes heurtaient leurs cistres,
Les sphinx ouvraient leurs yeux profonds ;
On voyait, à leurs doigts sinistres,
S’allonger l’ongle des griffons.
Les constellations en flamme
Frissonnaient à son cri vivant
Comme dans la main d’une femme
Une lampe se courbe au vent.
Chaque fois que son aile sombre
Battait le vaste azur terni,
Tous les groupes d’astres de l’ombre
S’effarouchaient dans l’infini.
Moi, sans quitter la plate-longe,
Sans le lâcher, je lui montrais
Le pré charmant, couleur de songe,
Où le vers rit sous l’antre frais.
Je lui montrais le champ, l’ombrage,
Les gazons par juin attiédis ;
Je lui montrais le pâturage
Que nous appelons paradis.
— Que fais-tu là ? me dit Virgile.
Et je répondis, tout couvert
De l’écume du monstre agile :
— Maître, je mets Pégase au vert.
Victor Hugo.
J’hippo campe sas faillir à sa reconnaissance
Merci Michèle, je t’embrasse d’une belle journée.
Mais tu es partout loisobleu… tu as des ailes qui fendent l’éclair, qui galope comme un cheval fou,
qui cite le grand Totor, poète dont j’apprécie les vers qui sourient et qui embrassent la liberté… ☺
Je te remercie infiniment et te souhaite à mon tour une très belle journée.
Mes bises poétiques
Par tout oui, mais seulement là où ça tient debout et sans qu’il faille des bottes (exception faite de celle de paille pour refaire la litière, ça va de soi)
Au nom de la liberté proclamée, je reconnais mes Totor sans la moindre hésitation, une manière de nu inté-graal en quelque sorte.
Coups de bisous sur ta mine Michèle.
Ma mine danse sur le Vélin et nourrit de mots et d’émotions (on peut rêver) mes visiteurs extraordinaires… je le dis, je le crie, je les admire pour un tel dévouement, pour le temps qu’ils passent et pas au galop..
J’arrête mon délire car l’esprit ne peut s’envoler qu’après un repas léger cela va de soi ☺
Avec que sa conscience collée à peau nue on est d’une élégance sans pareil. Ton site devient un lieu de rendez-vous de vraie chaleur humaine Rolland. C’est bon.