Vous avez jeunesse avec beauté.

Vous avez jeunesse avec beauté.
Vous avez jeunesse avec beauté.

Vous avez jeunesse avec beauté.

Sonnet à madame L.

Madame, vous avez jeunesse avec beauté,
Un esprit délicat cher au cœur du Poète,
Un noble esprit viril, qui, portant haut la tête,
Au plus fort de l’orage a toujours résisté ;

Aujourd’hui vous avez, sous un toit écarté,
Laissant là pour jamais et le monde et la fête,
Près d’un époux chéri sur qui votre œil s’arrête,
Le foyer domestique et la félicité ;

Et chaque fois qu’errant, las de ma destinée,
Je viens, et que j’appuie à votre cheminée
Mon front pesant, chargé de son nuage noir,

Je sens que s’abîmer en soi-même est folie,
Qu’il est des maux passés que le bonheur oublie,
Et qu’en voulant on peut dès ici bas s’asseoir.

Le 8 février 1830.

par

Charles-Augustin Sainte-Beuve (1804-1869).

2 commentaires

2 réflexions au sujet de « Vous avez jeunesse avec beauté. »

  1. Au jardin, quand survient la Dame de Beauté,
    J’interromps un instant mon labeur de poète ;
    Je cesse de traquer les rimes dans ma tête,
    Aux sourires charmeurs, je ne puis résister.

    Visiter le grand parc, et ses lieux écartés,
    N’est-ce pas un plaisir, n’est-ce pas une fête ?
    Le babil des oiseaux fréquemment nous arrête,
    Attendrissants qu’ils sont, dans leur félicité.

    Car elle est faite ainsi, mon humble destinée.
    Tel un grillon chantant près d’une cheminée,
    Je dis ces quelques mots quand le ciel devient noir ;

    La versification est ma douce folie,
    Rimes que le lecteur d’un jour à l’autre oublie,
    Quand, à son tour, il va dans les jardins s’asseoir.

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