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Est-elle gênée ?
Est-elle gênée ?
Nous étions, en ce dimanche, elle et moi.
Seuls dans une pièce sous mon toit.
Un endroit qui me sert d’atelier.
Pour que je puisse dessiner.
Jeune femme si gracieuse et si belle.
Et légère comme une tourterelle.
Elle s’est assise sur le tabouret.
Ne manifestant aucun regret.
L’arôme d’un encens vogue en ce lieu.
Que j’ai acheté dans un pays merveilleux.
Une contrée où les gens parlent une langue millénaire.
Et que puis-je dire de leur religion ? Quel grand mystère !
Face à face, subjugués dans nos pensées.
Elle me fixa tellement de ses yeux, j’en étais étonné.
De ma main confuse après cette période de confinement.
J’ai pris mon crayon et j’ai commencé bien lentement.
Nous pouvions entendre la mine glisser.
Sur le papier depuis trop longtemps inutilisé.
Quel plaisir d’immortaliser le corps dénudé d’une femme !
Quelle bienheureuse sensation remplit alors mon âme !
Bien que ce fut pour elle sa première expérience.
Elle est venue à mon atelier avec tant d’espérance.
Assise nue, en ce moment, devant un pur étranger.
Une question m’a dès lors envahi : est-elle gênée ?
Elle était un modèle parfaitement aguerri.
Elle concentra sans peine tout son esprit.
Dans ses pensées, elle s’était profondément recluse.
Elle était devenue, à mon grand étonnement, ma muse.
De
Rolland Jr St-Gelais
Québec (Québec)
Canada
Ils tentaient de tutoyer les nuages
Ils tentaient de tutoyer les nuages
Par un dimanche d’hiver,
Je me promenais dans un champ,
Tout en chantant un refrain gaiement,
À travers les sapins blancs et verts.
Entendant le vent se manifester,
Dans les arbres si majestueux,
Contemplant cet instant savoureux,
Alors que la neige tournoya avec légèreté.
Levant les yeux vers le ciel couvert,
Par un vieux manteau gris et lourd,
Sous lequel avec torpeur hibernent les ours,
J’ai compris alors que maintenant c’est mon tour.
Tournant avec assurance mes pas vers ma demeure,
Je longeais les souches avant que vienne la tombée de la nuit,
De cette nuit noire où seul le ruisseau se manifeste par son bruit,
Je me dirigeai vers ma cabane de bois pour échapper à cette heure.
Une cabane de bois que seuls savent faire les gens de mon pays.
Pays de neige d’un blanc immaculé et d’étendue à perte de vue.
Découvert par des gens, de la lointaine Europe, par la mer, venus.
Avec peine, je pressais le pas face au vent et la poudrerie.
Arrivé en ma modeste chaumière,
Je fis avec grande joie mon humble repas,
Quelques ingrédients suffiront pour mon pâté chinois,
Sans toutefois oublier le plus important, réciter une prière.
Assis devant le chaud fourneau allumé,
À ce que j’allais bien pouvoir faire, j’ai songé.
De ces arbres qui jadis faisaient ma fierté vu leur vénérable âge.
Maintenant morts de fatigue à force d’avoir essayé de tutoyer les nuages.
De