Une page de trop dans vos vies et dans la mienne

Votre humble serviteur Rolland Jr St-Gelais

Une page de trop dans vos vies et dans la mienne

Bonjour tout le monde

J’espère de tout cœur que vous allez bien et que vous pouvez profiter du soleil qui brille de tous ses feux et qui nous réchauffe. Pour les personnes qui trouvent qu’il fait trop chaud, dites-vous bien que vous allez dire qu’il fait trop froid d’ici quelques mois. Soyez juste patients, ça va venir assez vite.

Sous un autre ordre d’idée, j’ai appris dernièrement que le reportage relatant les tristes événements du 10 mai 1972, événements dans lesquels mon frère aîné Hermann St-Gelais a perdu la vie, a pris fin au courant du weekend dernier. Un tel reportage a très certainement rappelé des moments très douloureux chez les gens qui ont accepté de participer à la conclusion de ce film. Les membres de ma famille sont les premiers concernés. Vous l’auriez sans doute deviné.

Plusieurs personnes qui ont participé à cette dernière séquence du film, une séquence qui relate la fin tragique de la vie de mon frère aîné Hermann St-Gelais, se sont possiblement demandé pourquoi mon absence. Une question bien légitime dans les circonstances.

Je peux répondre ceci : tout simplement parce que j’avais pris la ferme résolution de tourner la page sur les évènements qui ont le plus marqué mon enfance et mon adolescence sans oublier ma jeune vie d’adulte. J’ai pris ladite résolution dès mon arrivée à Québec le 1er juillet 1998. Et j’ai tenu ma résolution jusqu’à maintenant.

Soyez rassurés! J’ai de très beaux souvenirs qui ont parcouru mon existence. Des souvenirs qui me font parfois sourire, parfois rire et qui font en sorte que j’oublie les moins beaux.

Toutefois, j’avais pris ma résolution justement pour me donner un nouveau départ dans la vie. Un départ basé non pas sur le passé, mais sur le présent. Un présent dans lequel se trouvent des hauts et des bas comme pour le commun des mortels. Un présent qui se vit au quotidien sans pour autant ignorer le futur.

Pour se faire, je ne regarde pas en arrière, ou du moins j’essaie le plus possible d’éviter de le faire.

Il m’est arrivé à quelques occasions de fouiller dans la page Facebook des cinéastes qui réalisent ce reportage pour savoir ce qu’ils auraient pu trouver d’intéressant. C’est mon droit le plus stricte car c’est tout de même une partie importante de l’histoire de ma famille.

Ce que j’y aie découvert dernièrement m’a fait revivre exactement ce que je ne veux plus revivre en pensées. En effet, revoir « La une » d’un journal à sensation sur laquelle se trouve la photo de celui qui a enlevé la vie de mon frère aîné Hermann St-Gelais, sans oublier la multitude de gens qui ont été blessés, est loin d’être drôle pour moi. Chose à retenir! C’est le même journal à sensation dans lequel j’ai apparu un peu plus d’un an après la perte de mon frère aîné. En effet, ce journal avait fait un reportage de bas niveau sur moi en lien avec la cause de ma situation physique, sans avoir eu au préalable l’accord de mes parents. (Mais ça, c’est une autre histoire.)

Bref, je crois bien que le fait d’avoir pris la ferme résolution de tourner la page sur les parties les plus sombres de ma vie a été pour moi plus que bénéfique. Et croyez-moi sur parole que j’en ai eu beaucoup. À titre d’exemple, ma triste expérience vécue en 1984 où j’ai subi une grave injustice à mon endroit.

Cependant, il est important de retenir que je comprends parfaitement que certaines personnes, dont les membres de ma famille, aient ressenti le besoin de commémorer les évènements du 10 mai 1972, et surtout de mettre en premier plan le fait que mon défunt frère aîné Hermann St-Gelais n’était pas un manifestant syndiqué. Il était tout simplement une personne qui se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment, comme bien d’autres personnes. J’espère sincèrement que le fait d’avoir pu vivre cette expérience de ce dernier weekend a pu vous permettre de tourner cette page. Une page de trop dans vos vies et dans la mienne.

Sincèrement!

Rolland Jr St-Gelais de Québec au Canada

2 réflexions au sujet de « Une page de trop dans vos vies et dans la mienne »

  1. Le 20 mars 2022
    À Rolland St-Gelais.
    Ce midi, par pur adon, je regardais un reportage sur la grève des travailleurs à 7-Iles en 1972, et ça m’a ramené loin en arrière, dans ma vie de jeune adulte. En 1972, année de mon mariage, j’étais en Ontario travaillant dans les mines de nickel. C’est là que j’ai appris la nouvelle du décès criminel de Hermann. Ça m’avait alors énormément ému et peiné.
    Dans les années 1963 à 1966, Hermann faisait partie de notre ¨gang¨ d’ados composé de 7-8 jeunes gars et filles; des Perron, Paré, Lavoie, Maynard, d’Anjou, etc. C’était le temps de l’éveil de la nature à cet âge là.
    Toi Rolland, (je ne savais pas ton nom alors), tu étais tout jeune bébé et Hermann nous laissait transpirer le grand amour qu’il avait pour toi, car nous connaissions ta situation, et nous la trouvions injuste, n’y pouvant rien faire.
    En plus de toi, nous savions qu’Hermann avait une grande sœur qui, elle aussi, avait été blessée dans cette manifestation. Je crois qu’elle s’en est tirée si je ne me trompe ?
    Suite à ce reportage télé, la curiosité m’a poussé à chercher Hermann St-Gelais sur internet, et je suis tombé sur ta page. Et la raison qui m’a poussé à écrire, c’est que je tenais à te faire savoir que ton grand frère était aimé dans son ¨gang¨ d’ados. Mais la principale raison, c’est que moi même j’ai perdu un fils qui avait exactement le même âge qu’Hermann, c’est-à-dire 22 ans, en juillet 1996, une semaine avant les inondations de la Côte nord. Nous vivions alors à Baie-Comeau. Mon fils est décédé par noyade à la pêche sur la rivière Isoucoustouk, près de Manic-III.
    Tout comme toi, je ne veux pas vivre dans le passé, mais il arrive parfois que des événements nous y ramènent malgré soi. Cela fait partie de la vie, et cette vie, je te la souhaite longue et heureuse.
    Mes salutations respectueuses.
    Christian d’Anjou.

    • Merci beaucoup pour avoir partagé sur cet article votre expérience de vie. Oui, la vie est à la fois belle et cruelle. On doit en tirer du positif et se défaire un tant soit peu le négatif. Savoir tourner la page est souvent la meilleure chose à faire pour conserver notre bien-être intérieur.

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