Dans ses yeux

Dans ses yeux Poèmes de Rolland Jr St-Gelais Dessin par Noble Roro de la France

Dans ses yeux

 

Une autre journée d’exil

Cela est bien normal, paraît-il?

Pour un homme qui a connu l’amour,

D’une femme à qui il lui demanda sa main un jour.

 

Je l’avais connue à l’école de mon humble quartier,

Que nous avons côtoyée de l’automne jusqu’à la veille de l’été,

Une école simple à l’image de ces gens aux grands cœurs d’ouvriers.

De ces ouvriers qui avaient pour seule richesse leurs familles tant aimées.

 

De la quiétude de l’enfance ont suivi les tumultes de l’adolescence,

Celles des remises en question nous extirpent avec ardeur de l’innocence,

Ces questions qui nous rendent différents même aux yeux de nos parents,

Qui peinent à nous reconnaître avec une lourdeur aux cœurs assurément.

 

Devant la demeure familiale, sa main, je lui ai demandée,

Car, face à une telle beauté, je ne savais pas comment m’exprimer.

Quel bonheur indescriptible a alors envahi mon être par son oui,

Un mot qui alla changer à jamais mon sort, mon destin et ma vie.

 

Certes, un mariage beau, et malgré cela modeste, je lui ai offert.

Mais de tout l’or de ce monde, nous n’en savions que faire.

Vu que de nobles valeurs, nous désirions donner à nos enfants.

Qui, à leur tour, les enseigneront à leurs descendants.

 

Richesse éphémère grugée par le temps qui passe, dans le sablier,

À nos enfants, richesse féconde, voilà notre volonté de le leur inculquer.

Celle qui reste cachée dans une société où seul compte avec les yeux,

Mais qui est si appréciée par les cieux.

 

Et pour être franc, pour tout vous dire mes amis,

J’ai trouvé un trésor inestimable en mon épouse chérie,

Un trésor qu’elle seule possède et qui est tellement merveilleux,

Dans ses yeux, j’y ai vu tout ce qui allait me rendre heureux.

 

La vie a fait comme de raison son œuvre avec le temps,

Nous avions eu autant de filles que de garçons pour enfants,

De nos enfants tellement fiers, si beaux et si grands,

Qui ont apporté tant de joie, de bonheur à leurs parents.

 

Les années sont passées comme feuilles au vent,

Nos enfants quittèrent le nid pour faire leurs vies évidemment,

De la fleur de l’âge ma tendre femme m’accompagna vers la vieillesse,

C’est le chemin qu’ont emprunté les humains fortunés ou en détresse.

 

Et puis vint en ce dimanche un terrible accident.

Dans lequel j’ai perdu mon épouse malheureusement,

J’y ai aussi laissé le don de la vue, malencontreusement.

Une route mal en point me fit perdre deux trésors irrémédiablement.

 

Sur les terres d’exil de la noirceur,

J’y ai élu domicile avec toutes mes peurs,

Mais, la vie m’a laissé tout de même un inestimable trésor.

Celui de revoir en pensées les tendres yeux de ma femme en or.

 

De

 

Rolland Jr St-Gelais

Québec (Québec)

Canada

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