Une véritable amitié

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Une véritable amitié

Bien le bonjour mes fidèles lecteurs et lectrices,

Aujourd’hui, je désire rédiger un article sur un sujet bien particulier et qui est l’importance de l’amitié pour un modèle vivant. En effet, l’amitié est parmi les éléments fondamentaux pour le développement du bien-être psychologique et social chez l’individu. Imaginez un seul instant ce que serait la vie d’une personne si elle n’a pas eu la chance de nouer quelques amitiés solides au cours de sa vie. J’ai bien écrit « quelques amitiés » puisque seule compte la qualité des relations en de pareils cas.

Je dois avouer que votre humble serviteur a joui d’une vie somme toute fantastique, et ce, avec bien des hauts et des bas comme chacun d’entre vous malgré le fait qu’il soit parmi les victimes de la Thalidomide au Canada. Or, c’est justement grâce à une famille extraordinaire[1] si j’ai pu vivre une telle existence. Cependant il y a au sein de celle-ci, une personne qui mérite toute mon admiration. Il s’agit en l’occurrence de mon vieil ami de longue date qui est nul autre que René B.[2]

Effectivement, cela fait exactement plus de cinquante ans que notre amitié a pris naissance le jour où René B., implora sa mère de demander à la mienne sa permission afin de pouvoir jouer avec son fils cadet qui était handicapé. Il faut se rappeler que les mentalités étaient quasi aux antipodes de ce que nous pouvons connaitre de nos jours à l’égard des enfants dits « différents ».[3] Dès l’instant où René et moi avons commencé à jouer ensemble, notre amitié alla à s’en grandissant au fil des années.

Bien entendu, il y a eu quelques fois de la bisbille, des chicanes et des mésententes en certaines occasions. D’ailleurs, toute amitié se doit d’en avoir à l’occasion afin d’aiguiser les tempéraments entre les individus au sein même de l’amitié rendant celle-ci plus solide. Tout comme un couple d’amoureux, de vrais amis doivent parfois se quereller et apprendre à composer avec des points de divergence, des opinions autres et, parfois, des temps de solitude afin de recommencer à zéro.

Je dois avouer que l’amitié entre lui et moi a été plus que salutaire dans ma vision de mon propre corps. En effet, il a été l’un des vecteurs de renforcement positif de ce que je voyais de celui-ci, c’est-à-dire que je n’étais absolument pas « différent » de ceux et de celles avec qui je partageais mon quotidien. Par exemple, lui et moi jouions au hockey, au soccer et à plein d’autres sports comme l’ensemble des enfants de notre quartier. Aucune activité ne m’était interdite! Il y en était de même lors de mes journées scolaires où il m’arrivait parfois[4] de faire les cent coups. Or, si il y avait des élèves qui osèrent s’en prendre à moi, devinez qui me défendait; nul autre que mon bon ami René.

Bref, si j’ai appris à ne pas voir mon corps comme une « anomalie » mais plutôt à l’apprécier bien au-delà d’une quelconque « différence » et à transposer ma joie de vivre par le biais de ce magnifique outil, c’est beaucoup grâce à des amis formidables tels que René. C’est cette « joie de vivre » que je tente par tous les moyens en mon pouvoir de transmettre à chacune des séances de nudité artistique. Et pourquoi donc? Tout simplement parce qu’un modèle vivant englobe non seulement sa nudité mais aussi son expérience de vie lorsqu’il présente toute sa vulnérabilité aux artistes avec qui il travaille.

Être modèle vivant? C’est d’abord et avant tout être un modèle qui a du vécu!

Merci mon cher René pour ton amitié indéfectible.

Merci à vous de m’avoir lu.

RollandJr St-Gelais

Québec (Québec)

Canada

 


[1] Soyez sans crainte, j’ai aussi eu l’opportunité de grandir au sein d’une famille magnifique dont les membres ont été d’une bonté exemplaire envers moi.

[2] J’ai volontairement choisi de ne pas publier le nom au complet de mon ami afin de lui préserver un certain anonymat. Merci de votre compréhension.

[3] Ici, je suis parfaitement conscient qu’il y a encore, et c’est malheureux de le constater, un nombre effrayant d’enfants de tous âges qui vivent soi de l’intimidation ou d’ostracisme pour le simple motif qu’ils sont « différents » des autres. Oui, je le sais que trop bien que la route est longue en ce qui concerne le changement des mentalités dans ce cas-ci. Toutefois, il y a eu beaucoup de positif au cours des 50 ans dernières années.

[4] J’ai écrit « parfois » alors que « souvent » conviendrait mieux. Mais, çà c’est un secret.

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