Le paresseux
Ah qu’il est chanceux, ce paresseux qui se prélasse doucement.
Et qui profite de cet instant lentement au gré du temps,
De ce moment qui n’en finit pas depuis longtemps.
Et qui nous sourit avec un air réconfortant.
Vraiment, il se contente de peu ce paresseux,
D’un peu de tendresse et de caresses tel un amoureux,
De philosophie et de lectures à ses heures,
Pour nourrir son âme afin qu’elle ne meurt.
Mais, au fait! Posons-nous cette ultime question.
Est-il réellement paresseux selon notre définition?
Pense-t-il plutôt à ce qu’adviendra de cette humanité?
Qui le rend si triste de constater une telle réalité?
De voir que depuis la nuit des temps et encore plus loin,
Hommes de toutes races se battent pour un lopin de terre,
Au nom d’un Dieu qui dans le fond n’en a rien à faire,
De leurs querelles si puériles, si enfantins.
Ah ce paresseux, l’est beaucoup moins que l’on ne croit.
Réfléchir sur notre destinée commune, voilà sa lourde croix!
Donner parfois un peu de son temps tel un bien précieux,
Afin de faire parmi ses frères et sœurs quelques heureux.
Bonheur éphémère dans un siècle avide de rapidité,
De sexualité si vite consommée hiver comme en été.
D’amours sans lendemain et d’amitié si vite brisée,
Où ne veuillent plus rien dire ses milles baisés.
Ah qu’il est chanceux, ce paresseux qui se détend allègrement.
Mais, que vois-je sur cette joue blanche comme neige?
Une larme qui coule telle une blanche-neige.
Car il sait que nous allons tous vers le néant.
De
RollandJr St-Gelais
Québec (Québec)
Canada