Être un chef d’œuvre imparfait

chef-d'oeuvre imparfait

Être un chef d’œuvre imparfait

Rolland St-Gelais a 52 ans et est modèle vivant. Il pose nu pour de grandes galeries d’art et des écoles de dessin. Son corps est une œuvre d’art, qui de par son originalité, fascine et intrigue.

Rolland St-Gelais est né en 1962. Il fut l’une des victimes du médicament Thalidomide, un médicament que l’on donnait contre les nausées des femmes enceintes, mais qui traversait la barrière placentaire. «Il me manquait à la naissance la langue, les deux mains, l’avant-jambe gauche et une bonne proportion de mon pied droit sans oublier l’absence de mon menton. La thalidomide avait fait un véritable chef-d’œuvre», indique-t-il dans un article. On ne lui prédisait pas d’avenir à sa naissance, pourtant apparaît une personne fière d’elle et de ce qu’elle est devenue, sans fausse pudeur.

Comment Rolland est-il devenu modèle nu avec un corps qui ne correspond pas aux critères habituels de la beauté? D’abord, il est passionné par la nudité artistique. «J’ai effectué un travail sur l’eugénisme, en théologie», raconte l’homme qui détient quatre baccalauréats dans des domaines variés. L’eugénisme est un ensemble de pratiques et méthodes visant à intervenir sur un patrimoine génétique, comme une recherche de l’enfant parfait. «Le domaine artistique a collaboré à l’eugénisme à l’époque, il fallait promouvoir la perfection physique et la race aryenne», maintient-il. De là lui est venue l’idée de promouvoir un corps imparfait.

Il y a cinq ans, Rolland a donné son nom à une école de dessin. Marie-Pier Auger, une cinéaste l’a aidé dans sa démarche pour approcher les écoles d’art.

«Pour être modèle nu, il faut une acceptation du corps à 100%. Malheureusement, l’image de la nudité artistique est trop souvent rattachée à la pornographie», déplore l’homme, fier de sa masculinité. Avant de commencer sa carrière de modèle vivant, seuls les médecins et les avocats s’étaient intéressés à son corps. Il a souhaité alors être autre chose «qu’une catastrophe qu’on doit réparer». Ce qu’il aime de son travail? «C’est l’authenticité. En tant que modèle nu, je ne peux pas mentir. Je suis ce que je suis», explique M. St-Gelais.

Le modèle déplore qu’on juge par l’habit, et donc par l’apparence. Rolland St-Gelais définit sa tâche ainsi: «Je ne cache rien, mais je n’exhibe rien non plus», soutient-il. «J’ai une anatomie comme une autre, et quand je pose nu, je suis égal à ceux et celles qui me regardent», explique-t-il.

Rolland St-Gelais a plusieurs poses qu’il affectionne, notamment celle intitulée Regard de tendresse. Le cinquantenaire veut laisser transparaître le bonheur avec sa nudité.

C’est un homme qui se dit lui-même comme heureux de vivre et comblé par la vie. Il écrit, à la main et à l’ordinateur et est totalement fonctionnel. Malgré les préjugés envers les personnes handicapées, il prouve qu’on peut être différent, et heureux, et surtout que les personnes différentes n’ont pas à se cacher.

Par Perrine Gruson

Source : http://www.lequebecexpress.com/

6 réflexions au sujet de « Être un chef d’œuvre imparfait »

  1. Heureusement, cette journaliste se démarque par rapport à la plupart de la gent humaine, ce sont ces rencontres qui ont permis à Rolland de s’accepter dans la vie car il faut reconnaitre que le fait d’être différent des autres est éprouvant, pas à sa belle maturité mais dans la période de l’adolescence quand il faut faire face aux quolibets de jeunes sans tolérance !

    • Merci beaucoup chère amie pour ton commentaire suite à la publication de mon article. Cependant j’ajouterais que la grande majorité des quolibets dits en lien avec ma situation physique provenait surtout de certains parents à l’endroit des miens. Pour ma part, j’ai toujours été accepté par ceux et celles de mon entourage, et ce, peu importe l’âge que j’avais. Comme quoi, la méchanceté gratuite se retrouve chez ceux et celles dont on s’y attendrait le moins. Étrange?! N’est-ce pas?

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